Critique littéraire: Saints-Damnés

Marie-Laurence Trépanier est une jeune auteure québécoise qui a complété sa maîtrise en études littéraires à lUniversité Laval. Saints-Damnés, paru tout récemment aux Éditions du Boréal, un texte aux allures de conte, est son premier roman. 

L’histoire commence alors que Pa retrouve dans les bois un jeune bébé qu’il baptise Millie. Tout de suite, Pa est envoûté par elle alors que Ma la prend en aversion totale, et ça va être vrai pour le restant de leur vie. Plus tard, Millie deviendra une adolescente d’une grande beauté, presque ensorcelante. Un jour, elle disparaît sans donner de nouvelle, ce qui n’est pas sans troubler Pa jusqu’au plus profond de lui-même. 

On suit également la vie de la vieille Joe et de son fils Christopher. Tout le monde a ses secrets au village de Saints-Damnés, et eux ne font pas exception. C’est une mère et son fils qui vivent ensemble et qui ne s’aiment pas du tout, la mère constate au cours du récit que son fils est en train de devenir un criminel et elle ne peut rien faire face à ça, elle se sent complètement impuissante. 

Sans époque précise

L’une des principales forces du livre, c’est qu’il s’agit d’un roman aux allures de conte, mais sans être situé dans une époque définie. Et plus on lit l’histoire, plus on serait porté à penser sans aucun problème que celle-ci se déroule en 2018, ou au XXe siècle facilement, avec Millie à l’allure de prostitué qui prend la fuite en voiture avec des petits voyous, son village malfamé (que l’on pourrait imaginer être un quartier plus pauvre et moins recommandable d’une grande ville). C’est intéressant à ce niveau-là. 

On retrouve également dans le roman une belle critique sur l’hypocrisie des gens, les regards que les hommes peuvent porter sur les femmes, tout autant que les femmes entre elles. C’est un autre des aspects qui nous portent à croire que l’on peut effectivement situer l’histoire dans une époque plus contemporaine, même si c’est quelque chose que l’on peut facilement et sans aucun doute associer à différentes époques de l’humanité. 

Ce sur quoi j’ai eu un peu plus de difficulté en lisant le roman – ce n’est que mon opinion personnelle cependant -, c’est que le personnage de Millie disparaît relativement tôt dans le récit. Certes, il y a un long moment où les autres personnages disent que oui, elle est disparue, mais il ne se passe absolument rien pour tenter de la retrouver. Je trouve ça un peu particulier, je dois l’admettre. Moreno, un policier chargé de la localiser, apparaît peu de temps avant la fin du roman. Cette conclusion m’a également laissé sur ma faim. Pourquoi? Il y a ces deux éléments particulièrement qui nous laissent sans réponse et qui sont décevants. 

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