C’est dans le mystérieux Pantoum, repère haut perché de la musique indépendante de la Basse-Ville, qu’avait lieu la 3e soirée de la série Orbite des Nuits Psychédéliques de Québec. Un événement satellite au festival qui sert autant à financer la prochaine édition, qui aura lieu du 26 au 28 avril 2018, qu’à rassembler sous un même toit les amateurs de basses fréquences faisant vibrer les planchers, de percussions motoriques inaltérables et de guitares jouées trop fort.
Les décibels ont en effet été au rendez-vous avec l’éventail de rock loud que proposait l’organisation, qui fête déjà ses 5 ans.
L’énergie était présente dès la première partie avec Oromocto Diamond. Le groupe vétéran de la scène de Québec a interprété en succession rapide des pièces surtout tirées de leur dernière galette, Opononi. On ne nous en a présenté que six; l’écoute et l’énergie devaient être de mise de la part de la foule. Sam Murdock, le chanteur et bassiste, a interpellé constamment l’auditoire pour lui demander de s’approcher de la scène.
Il n’a pas hésité à se percher sur le bass drum, à aller dans la foule et à constamment se déplacer sur scène pour communiquer, efficacement notons-le, la fougue du projet. En contraste avec cette énergie confiante de la part du vétéran musicien, on sentait parfois les transitions hésitantes et les rythmes un peu chambranlants, mais sans réellement nuire au plaisir de l’écoute.
Le dance-punk humoristique du duo n’est pas sans rappeler le retour populaire du genre au début des années 2000, pensons notamment aux succès de Death from Above 1979, !!! ou Liars. Il n’y a pas que la musique qui faisait un clin d’œil à 10 ans d’histoire: les blagues du duo, que l’on pourrait sans gêne qualifier de « mononcle », ne savaient pas sortir de la sexualité mi-vulgaire et des jeux de mots un peu faciles. Lorsqu’ils ne faisaient pas de blagues préfabriquées, les interactions avec la foule du groupe étaient pourtant fluides et sincèrement charmantes. Le duo pourrait s’inspirer des humoristes de carrière et aller roder un peu son texte dans un théâtre d’été à St-Eustache pour le raffiner.
Guerre du fuzz
Ambitieux en volume comme en sonorités, DEAF n’a pas fait attendre le public pour prendre d’assaut la scène. Le duo montréalo-marseillais offrait un mélange habile de musique psychédélique, de death rock et de shoegaze que l’on pourrait simplement qualifier de noise rock. Les guitares et les percussions étaient jouées à plein volume et parfois à pleine vitesse de mains de maîtres avec la voix d’Alex qui résonnait en échos par-dessus le chaos. En entendant le groupe, on pensait immédiatement aux contemporains torontois de METZ, mais DEAF, outre le volume, les quatre lettres majuscules et la distorsion, sait habilement se distancer de ses influences. L’aspect plus garage, sans doute inspiré du grand succès du genre actuellement en France, ainsi que les moments plus doux viennent inscrire les Montréalais comme honorables combattants dans la guerre du fuzz.
On a terminé la soirée avec un virage garage et le trio DDWD (alias Double Date With Death et aussi alias Double rendez-vous avec la mort). Les chansons laissaient souvent une grande place à l’instrumentation, qui alterne entre surf fuzzé, garage classique et psychédélique efficace. Les solos de Vincent Khouni, les basses appuyées de Julien Simard et les rythmes frénétiques de Mathieu Poirier donnaient tout un sens aux chansons du groupe lorsque vécues de près. Les chansons sont à leur meilleur quand elles sont plus claires et défrichées un peu, pensons au hit Magicien ou à Eyes, se trouvant toutes deux sur leur plus récent album Headspace. Peut-être malgré eux, les montréalais ont un don clair pour le crochet pop et les mélodies accrocheuses.
C’est donc avec les pièces de DDWD en tête qu’une foule satisfaite a quitté le Pantoum vendredi dernier. Plusieurs spectateurs ont profité de l’occasion pour acheter en prévente un laisser-passer pour l’édition 2018 des Nuits psychédéliques de Québec, qui sont dès maintenant en vente sur le site du festival (https://lesnuitspsychedeliques.com/). Le succès étant presque déjà garanti avec une troisième soirée Orbite d’une telle qualité, vous pourrez profiter d’un spécial lève-tôt à seulement 20$.