L’actualité culturelle est souvent monopolisée par quelques grands noms, ceux que tout le monde connaît. Il est grand temps que les médias fassent connaître les petits créateurs à grand potentiel. DANODA, chanteur, rappeur expérimental et producteur de musique DJ, a récemment sorti son dernier single Smirk. Explorons ensemble sa carrière, sa musique, ses problèmes.
Par Christophe Saillant, journaliste collaborateur
Le mixage «Dance Floor»

Crédits photo: Nathan Bélanger
Pour le commun des mortel.les, le.a DJ est cellui qui met de la musique dans les partys et les boites de nuit, en fait, loin de s’en contenter, iel «mixe», c’est-à-dire qu’iel effectue les transitions entre les musiques en temps réel. C’est là qu’a commencé la carrière de DANODA : « Eille veux-tu faire le party de l’Appoc?». Un.e bon.ne DJ est aux soirées ce que la levure est au pain: « Là tu fais un show, là il faut il y aller, là il faut que le monde danse, Bonne chance! ». Ce n’est pas chose facile, car le.a DJ de soirée doit constamment se plier aux goûts de son auditoire: « Tu t’adaptes: si tu vois que ce sont des gens qui prennent des remix intenses, tu peux en mettre, sinon, c’est mieux de jouer des valeurs sûres. ». Le tout, sans laisser paraître l’effort.
La production indépendante
Un.e DJ peut aussi produire sa propre musique, certain.es y voient la continuation du mixage de soirée: il faut suivre les goûts du public, mais pas DANODA. «Je mixe pour les autres, je produis pour moi». En effet, il cherche à limiter, voire à minimiser les rétroactions sur sa musique. « Avant de sortir Smirk, je n’ai demandé à personne ». Pour lui, ce sont deux formes d’art différentes qui demandent au virtuose différentes approches créatives. Après tout, peint-on comme on chante? Cette seconde approche pourrait être appelée: la personne à tout faire. «Quand je fais des chansons, je fais tout moi-même. Aucun sample, de A à Z. Auteur-compositeur-interprète à fond.» Or, ce processus de création serait le garant d’une indépendance qu’use DANODA en vue de réaliser un certain idéal esthétique : « Quand quelque chose est fait des mains d’un seul homme, c’est plus beau. Le problème, c’est quand plusieurs visions se confrontent. Quand tu es un artiste, il faut pas faire dans le potluck parce qu’il faut que quelque chose [de beau] soit rapporté à ton nom.»
Cette stratégie de la personne à tout faire place DANODA dans la position d’unique juge du beau. « Je ne veux pas plaire à tout le monde » a-t-il dit, essentiellement. Cette position semble particulièrement périlleuse, considérant la difficulté de survivre dans l’industrie de la musique. En effet, beaucoup d’artistes sont des pétards mouillés, ne parvenant pas à engranger suffisamment de revenus pour vivre de leur art. À ne vouloir plaire qu’à soi-même, ne risque-t-on pas de produire des chansons qui ne plaisent pas aux autres? Pour l’artiste, il s’agit d’un faux dilemme. « À la première écoute, les gens diront »quecéça, c’est pas bon » parce que mon style est différent des autres, mais la différence est aussi le hameçon qui les poussera à réécouter ma musique. »
La musique

Comme dans un album, tous les singles de DANODA parus à ce jour ont une certaine unité stylistique : il s’agit de musique électro avec plus ou moins de rap, plutôt énergique, autour de 120 à 130 BPM. D’un point de vue formel, l’élément caractéristique le plus évident semble être la friture vocale. Il s’agit d’un grésillement de voix, grave en tonalité. Cet élément est très présent dans Smirk, son dernier single. Du point de vue du contenu, les paroles sont générallement très aspirationnelles. Celles-ci s’apparentent parfois aux affirmations positives utilisées en psychologie. Par exemple, Smirk commence ainsi:« I’m gonna get it. Yeah you already know, I’m gonna change it… ». Cette dernière chanson est plus «rap» que le reste de la discographie, étant aussi la seule musique publiée sans harmonies. Dans l’ensemble, elle dégage une ambiance similaire à « Big and Chunky » de will.i.am dans le film Madagascar, étant très engageante et dansante.
Sa prochaine chanson, B.A.W.S, devrait rompre avec les précédentes: « Là, je vais dire des choses un peu moins »vraies », mais plus drôles. On change le micro, on garde le macro. »
Spotify: https://open.spotify.com/artist/2buaq7OGP2jdV1TIjdxcjh
Intagram: https://www.instagram.com/danodamusic/