Danse de garçons : Un jeu ardent et bestial

7 hommes. Une arène. Des corps en transe qui se contorsionnent bestialement. Pour Danse de garçons, la chorégraphe Karine Ledoyen a franchi la frontière entre danse, théâtre et expression corporelle pour livrer un spectacle cru et intense.

La salle du Périscope est remodelée pour l’occasion. Les gradins se font face pour laisser l’espace scénique au milieu des spectateurs, telle une arène. Et c’est bien au sein d’une arène que les 7 comédiens évoluent, s’affrontant dans des corps à corps d’une intensité à la fois bestiale et sensuelle.

Les lumières se tamisent, les hommes entrent en courant. Leurs corps se révulsent et se convulsent. De l’autre côté, une structure en bois est déconstruite en grands fracas, martelant la course effrénée et spasmodique des comédiens.

Leur course est entrecoupée de cris sauvages, expression d’une rage ou d’un trop-plein. Leur jeu n’est pas de la danse, mais une gestuelle criante, tantôt explosive tantôt introspective. Les comédiens se jettent à terre et se contorsionnent, comme habités d’une force extérieure qui souhaite leur nuire.

Après une joute ardente ressemblant parfois à un haka de guerriers du Pacifique sud, la tension retombe pour laisser place à un duo sensuel, mais qui ne perd pas en intensité. Les comédiens évoluent sur les pales de bois, tel un radeau. Par moments, les corps des comédiens s’enchevêtrent dans une douceur virile pour ensuite reprendre des combats qui laissent une grande place à l’improvisation.

Les tableaux se succèdent, toujours en conservant cette ambivalence parfois malaisante. Le cœur du spectateur se soulève de temps à autre. L’intensité est constante, mais parfois sans but, comme si la cruauté du jeu des comédiens n’arrivait pas à se concrétiser en vérité. La scène de viol exemplifie bien le tout : enfermés au sein d’un cercle, deux comédiens luttent dans un corps à corps presque insoutenable, au terme duquel l’un se retrouve nu, démuni.

Bien que les performances des comédiens soient sans faute, la mise en scène reste le point fort de Danse de garçons. Le jeu avec les pales de bois permet de redéfinir constamment l’espace scénique pour circonscrire ou agrandir l’espace. Les comédiens s’en servent aussi comme accessoires dans leurs joutes. Cet élément constitue le seul fil conducteur du spectacle.

La frontière entre théâtre et expression corporelle est toutefois franchie avec audace, sincérité et élégance. La dynamique générale ne laisse aucun répit au spectateur, sans pourtant arriver à un quelconque climax. Le spectacle ne reste que malaise et contorsions, sans jubilation.

Auteur / autrice

  • Margaud Castadère-Ayçoberry

    Derrière ce nom imprononçable aux accents d’outre-Atlantique, cette bordelaise rêve d’ici et d’ailleurs. Récemment graduée en journalisme international, elle poursuit une maîtrise en relations internationales. Journaliste active et enjouée, elle est constamment en quête de nouveaux sujets. Friande d’actualités, elle est aussi à l’aise dans une salle de rédaction, dans un studio de radio, ou à une terrasse de café. Malgré sa petite taille, elle sait se faire entendre et avec elle… le monde bouge !

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