On a pu les voir un peu partout cet été. Que ce soit dans de nombreux festivals, à la télévision ou encore dans les spectacles de la rentrée de plusieurs universités, les membres de Dead Obies n’ont pas manqué de visibilité ces derniers temps. Le 10 octobre, c’était au Cercle que le groupe de post-rap enflammait la foule.
La première chose qui frappe dans un spectacle de Dead Obies, c’est la nature hétéroclite de la foule. En effet, à travers les amateurs de rap classique arborant casquettes et hoodies, on découvre que plusieurs dans le public sont en fait des amateurs de punk, voire de folk rock.
Le résultat de ce drôle de mélange ? Une foule survoltée, des mosh pits d’une rare intensité pour un spectacle de rap et des membres de Dead Obies visiblement ravis d’une pareille énergie. Juste à voir Joe RCA grimper à l’échafaudage de la scène du Cercle, on constatait que ce n’était pas seulement la foule qui était en feu.
Si le style de Dead Obies, le post-rap, peut plaire à des gens qui ne sont habituellement pas férus de rap, c’est notamment grâce aux influences musicales variées. « [En ce qui concerne les] influences, on ratisse large. On est tous des mélomanes aguerris. On peut écouter du Kraftwerk ou du krautrock allemand. On peut aller de Jean Leloup et Daniel Bélanger jusqu’au funk brésilien », explique Yes McCan, membre du groupe.
Aussi, le débat au sujet du franglais ayant fait rage pendant la période estivale a involontairement profité à Dead Obies. « Ça nous a mis en contact avec des strates de population avec qui on n’était pas en contact par les radios étudiantes et Internet : les gens qui utilisent des moyens conventionnels de consommation de la culture, comme la télé, la radio, les journaux », développe McCan.
La qualité avant la quantité
Après moult festivals, on pourrait croire que les membres de Dead Obies voient une représentation devant une centaine de personnes comme quelque chose de mineur, mais il n’en est rien. « J’aime mieux les petits shows que les gros shows de festival », confie Yes McCan. « Tu connectes plus avec le monde et tu contrôles l’ambiance. Aussi, quand c’est un show de Dead Obies, le monde vient voir Dead Obies. Quand c’est la première partie du Wu Tang Clan, les gens viennent voir Wu Tang pis ils s’en foutent de Dead Obies. »
Il ajoute : « Dans un contexte où on joue avec Manu Militari ou Cypress Hill, les gens s’attendent à du straight rap, quelque chose de bien classique. Nous, on joue avec la forme, on est un petit peu en dehors de ça, donc souvent, par cette crowd-là, on est vu comme des weirdos, comme des hipsters. »
Qu’est-ce qui s’en vient pour Dead Obies?
« Au printemps, on peut attendre des releases de Dead Obies. Pas un album officiel, mais de la nouvelle musique », indique McCan. En effet, le groupe, sans n’avoir rien d’officiel, plancherait sur plusieurs projets, solos comme collectifs. Entre autres, Snail Kid, un des membres du groupe, serait en train de produire un album avec son frère, Jam, connu pour son implication dans le groupe K6A, et son père, un chanteur de reggae.
La raison pour laquelle Dead Obies sorte la plupart de leur matériel de manière indépendante, et non pas avec leur label, Bonsound, est assez simple. « La structure d’un label, ça implique beaucoup de monde et beaucoup de temps. Nous, on est six et on est productifs, et on veut continuer à sortir des trucs. Donc, on va en dehors du circuit pour donner du nouveau matériel, pour pas qu’on sorte un album juste aux deux ans », justifie Yes McCan.
Sinon, c’est en automne 2015 ou en hiver 2016 qu’on peut s’attendre à voir un album officiel de Dead Obies atteindre les rayons. Pour l’instant, le groupe se prépare pour une tournée en Europe qui aura lieu durant les deux premières semaines de décembre.