Milk & Bone avait conquis le Québec avec leur premier album Little Mourning. Avec leur nouvel opus Deception Bay, les Montréalaises Laurence Lafond-Beaulne et Camille Poliquin reviennent là où elles nous ont laissés il y a près de trois ans. Plus abouti que son prédécesseur, cet album est un véritable plaisir pour les oreilles, alors que trames musicales variées, réalisation de maître et textes songés sont au rendez-vous.
Dès les premières notes de ce nouvel opus, le duo montréalais nous amène dans son univers. Bien plus que des mots sur des trames sonores, Deception Bay est un véritable travail d’ambiance musicale. La première pièce de l’album, Set in Stone, en est un bon exemple. Le duo s’y amuse avec des effets musicaux intéressants, nous donnant même l’impression d’écouter le morceau sur un vieux tourne-disque.
La trame musicale des pièces amène un côté plus qu’intéressant à l’album. En effet, sa sonorité apporte une touche moderne à des voix et des textes emplis de mélancolie. On assiste donc à la création d’une nostalgie moderne, d’un regard sur le passé au son bien actuel. Il faut aussi mentionner la capacité que possède la formation à créer des trames différentes les unes des autres. Aucune pièce ne se ressemble, au grand plaisir des auditeurs.
Une diversité rafraîchissante
À ce propos, il est impératif de souligner la réussite de Milk & Bone d’avoir créé un album plus que complet. Le groupe navigue facilement entre les pièces plus rythmées et celles plus posées. On attend toujours le prochain morceau, alors qu’il est impossible de deviner ce qui s’en vient. Cette variation de style ne se fait toutefois pas au détriment de la cohésion du disque, puisque Deception Bay offre un ensemble qui se tient.
La présence d’interludes musicaux est aussi un brillant ajout à l’album si on est friand de ce genre de procédé. De plus en plus rares dans l’univers musical moderne, ces extraits musicaux apparaissent à la fin d’un morceau à quelques occasions.
L’une des forces de l’album réside dans la capacité qu’a le duo de créer des fins de pièces spectaculaires. Certains titres sont à cet effet grandioses, apportant un côté dramatique à quelques morceaux. Le meilleur exemple de ce phénomène est observable dans Tmrw. Milk & Bone commencent alors la pièce avec une trame musicale plus sobre et moins électro que les autres. Or, plus le morceau progresse, plus la mélodie devient grandiose pour nous offrir une finale épique, donnant à tout coup des frissons.
Des voix uniques
Les harmonies vocales ainsi que les voix des deux artistes sont exceptionnelles. Les meilleures pièces de l’album sont justement celles où la musique est mise à l’arrière-plan pour mettre de l’avant la qualité vocale des deux artistes. Les voix du duo se mélangent à la perfection et leur timbre apporte une profondeur ahurissante au morceau.
En fait, cet aspect unique dans la voix des chanteuses a un fort effet envoûtant. Le mélange entre les sonorités électro et le timbre de leur voix nous amène ailleurs. Dans la pièce Faded, le mélange entre le texte, les voix et les mélodies nous enveloppe complètement.
Pour leur part, les textes de la formation montréalais sont très aboutis. Les deux artistes ont un don certain pour trouver les mots justes au bon moment. Dans Kids, Milk & Bone nous parlent des relations amoureuses d’un temps passé, où les protagonistes n’étaient que des enfants. Or, le travail de création du duo est excellent, car le texte sert parfaitement les propos de la pièce. Plus qu’une simple chanson, Kids est un exercice de style parfaitement effectué, nous faisant revivre nos premiers amours de jeunesses.