Des films d’horreur en janvierLéon Bodier·26 janvier 2025Arts & cultureCinémaEn vedette Depuis que l’immigration irlandaise et écossaise massive au 19e siècle a poussé Halloween à devenir une fête majeure en Amérique du Nord, octobre est devenu le mois connu pour le changement de couleur des feuilles, les collations à la citrouille ou à la cannelle, mais surtout les films d’horreur devenus péchés mignons du public depuis le triomphe de The Texas Chain Saw Massacre en 1974 et tout au long de la décennie suivante. Alors pourquoi voit-on tant de films d’horreur sortir entre décembre et janvier ? Par Léon Bodier, journaliste multiplateforme Décembre : surprenant et stratégique La stratégie de lancer un film d’horreur en pleine période festive de Noël peut sembler contre-intuitive au premier abord. Habituellement associées à la joie et à la famille, les fêtes de fin d’année ne sont pas le moment le plus évident pour ce genre cinématographique. Cependant, cette décision peu orthodoxe se révèle précisément être un coup de maître des équipes marketing. En effet, pour DePaoli, spécialiste en marketing, l’explication est simple : « Évolutionnairement, les êtres humains sont très attentifs aux différences marquées, car nous sommes conçus pour prêter attention aux changements dans notre environnement. Placer deux éléments très différents l’un à côté de l’autre capte notre intérêt. Du point de vue marketing, c’est une excellente manière de générer du buzz. » L’exemple du film L’exorciste, sorti le 26 décembre 1973, est emblématique de cette stratégie. De plus, les vacances de Noël sont traditionnellement l’une des périodes les plus chargées pour les cinémas, avec un public large offrir une alternative aux comédies familiales et aux drames festifs peut s’avérer être une stratégie payante, surtout pour un genre cinématographique que l’on sait devenir de plus en plus populaire. Ainsi, la sortie d’un film d’horreur à Noël, loin d’être une anomalie, peut se transformer en un mouvement stratégique astucieux, maximisant l’attention et les revenus potentiels. Janvier : le mois du dépotoir cinématographique Au contraire, considéré comme la poubelle des productions, janvier est souvent le mois où les films jugés moins prometteurs par les studios trouvent leur place sur les écrans. Cette période, surnommée « Dead Month » ou « Dump Month » dans le jargon de l’industrie, est marquée par la sortie de films qui ont déjà été identifiés comme des flops potentiels, que ce soit à cause de réceptions tièdes lors des séances de test ou d’un manque d’attrait général auprès du grand public. Ce choix est justifié par la chute en fréquentation des cinémas après les dépenses des fêtes de fin d’année, période durant laquelle le public est moins enclin à dépenser davantage en divertissement. De plus, janvier se situe juste après la période de sortie des films prétendants aux récompenses cinématographiques, qui cherchent à maximiser leur visibilité avant la clôture des nominations. En effet, les films susceptibles de concourir pour des distinctions prestigieuses comme les Oscars (fin février-début mars) ou les Golden Globes (janvier) sont généralement lancés avant janvier ou étendent leur diffusion après avoir reçu des prix, monopolisant ainsi l’attention critique et publique. Ainsi, tandis que les blockbusters de décembre continuent de dominer les box-offices et que les cinéphiles attendent les films récompensés lors des grandes cérémonies, janvier reste le moment privilégié pour se débarrasser des erreurs de jugement des studios. Ou, pour les films d’horreur ! Films d’horreur, l’exception à la règle Les films d’horreur sont les plus rentables dans l’industrie du cinéma. Pourquoi? Généralement peu coûteux à produire, ils nécessitent moins de succès au box-office pour être rentables comparativement à d’autres types de films. Ainsi, janvier peut étonnamment être un terreau fertile pour le genre cinématographique. Par exemple, le film Cloverfield de 2008 a brillé lors de son lancement en début d’année, enregistrant le meilleur week-end d’ouverture depuis six ans jusqu’à l’arrivée de Ride Along. De même, Mama, sorti en janvier 2013, a dominé le box-office, démontrant que les films d’horreur peuvent non seulement survivre, mais également prospérer pendant ce mois traditionnellement calme. Ces succès montrent que malgré la réputation de janvier comme un mois de dépotoir pour les films moins désirables, il existe un créneau pour les films d’horreur qui attirent les foules en quête de frissons post-fêtes. Les programmations de décembre 2024 à février 2025 Auteur / autrice Léon Bodier Voir toutes les publications