Globe-trotter et architecte du son passionné, Martin Léon s’apprête à défendre sur scène Les Atomes, son dernier album paru en 2011.
Justine Pomerleau-Turcotte
Dès les premières minutes de l’entretien, il nous expose sa vision de l’art. «Pour moi, la musique, ce ne sont pas les notes sur la feuille. C’est ce qu’il y a derrière, et entre les notes. C’est ce à quoi elles renvoient. […] C’est tout le cosmos». Mais surtout, «c’est le pas le plus court entre deux humains. […] T’arrives dans une gare au Laos, t’entends une toune vietnamienne à la radio. Il y a un Grec, un Allemand. Les deux tapent du pied». L’art et la musique sont «notre jardin collectif». Le respect de la culture est donc primordial, car «en coupant ce qui nous unit de l’intérieur, tu affaiblis une société».
Pourquoi avoir attendu si longtemps pour présenter Les Atomes sur scène, malgré le succès de l’album ? Il était tout d’abord préférable d’attendre la fin du tourbillon Monsieur Lazhar, dont il signe la musique; de plus, l’arrangeur-musicien désirait s’écarter de sa formule habituelle, impliquant systématiquement le quintette rock classique, donc, une scène bien pleine.
De plus, Martin Léon souhaitait créer à partir de l’influence de ses voyages. «J’ai la chance de partir un, deux, trois mois par année. Pas parce que je suis milliardaire, mais parce que je voyage avec un pack sac et que je dors chez l’habitant». Il ramène de ses périples des carnets remplis de notes, de mélodies, de couplets, d’images. Il est inconcevable de présenter ses chansons, qui ont pour la plupart germé en Asie, en faisant abstraction de leur genèse : «[…] ça serait menteur de faire comme si ça n’avait pas été vécu». «La scène, c’est sacré», complète-t-il.
C’est un mode de vie et un état d’esprit qui y seront transposés. «J’ouvre le rideau de mon atelier». Par le biais d’anecdotes et de photos, le spectateur connaîtra le contexte de création des chansons. Ces dernières arborant des arrangements sophistiqués sur Les Atomes, elles ont toutefois été réarrangées pour être présentées sans fard, «comme quand elles viennent au monde, avec une guitare dans un train. […] J’aimerais montrer ce bout de film-là». L’artiste décide de se contenter de deux musiciens sur scène, d’une guitare électrique et d’une batterie, pour un son garage, plus down tempo : en fait, une véritable mise à nu. «J’aime le groove, j’aime la batterie». Pas besoin de grandes orchestrations pour sentir cet aspect organique de la musique. C’est une première pour l’artiste, qui, pour se préparer, a rencontré Fred Pellerin, admirant sa façon singulière de raconter avec humour et fantaisie, et a relu les chroniques de voyage de Bruno Blanchet, dont il apprécie la philosophie.
On peut s’attendre à «un voyage plein d’imprévus», qui nous transportera le temps d’une soirée juste assez loin pour oublier le quotidien.
Quoi ? Les Atomes
Qui ? Martin Léon
Quand ? Le 5 décembre au Théâtre Petit Champlain et le 7 décembre au Grand Théâtre de Québec