Décembre fut le mois d’un seul film, dont la domination outrageuse n’a laissé que des miettes à la concurrence. L’excellentissime Rogue One : une histoire de Star Wars a conquis sans mal le marché mondial, pour la plus grande gloire de l’Empire Disney. Désormais, les fans innombrables sont rassasiés et les salles se libèrent : le premier escadron de la cuvée 2017 peut enfin prendre son envol.
Passons sur les inévitables pétarades hollywoodiennes et leurs successions de Kiss kiss, Bang bang. Oui, Vin Diesel retrouvera le 20 janvier son rôle de Xander Cage, brute subtilement nuancée ; oui, Milla Jovovich massacrera joyeusement du zombie dans le nouvel épisode de Resident Evil, telle l’héroïne d’un mauvais jeu vidéo ; oui, les amants maudits de Fifty Shades Darker s’embrasseront goulûment dans quelques scènes sages à faire bailler d’ennui Park Chan Wook ; oui, les joyeux compères de Rapides et dangereux joueront pour la huitième fois au vroum vroum. La belle affaire.
Tout n’est pas noir, toutefois : Peter Berg et Mark Wahlberg (Lone Survivor, Deepwater Horizon) pourraient à nouveau surprendre avec Patriots Day (13 janvier), sur les conséquences d’un attentat terroriste et la traque qui s’ensuit. Le duo excelle dans les films catastrophes de qualité (oui, ça existe), réalistes et poignants. Wolverine 3 : Logan (3 mars), qu’on promet particulièrement sombre, s’annonce aussi digne d’intérêt, ne serait-ce que parce que Hugh Jackman y sortira les griffes pour la toute dernière fois.
Il y a encore plus alléchant : c’est en effet le 20 janvier que prendront l’affiche les deux nouveaux films de Pablo Larrain (No !, The Club), cinéaste chilien au talent immense. D’un côté, Jackie, sur la vie de Jacqueline Bouvier, devenue Kennedy, après l’assassinat de son mari à Dallas, en 1963. Nathalie Portman, dont la prestation a été unanimement saluée, pourrait bien remporter un second oscar grâce à ce drame biographique classique mais puissant, qui parvient dans la capitale avec au moins un siècle de retard. De l’autre, Neruda, sur la traque improbable et malsaine du mythique poète chilien (Luis Gnecco) par un inspecteur de police glaçant (Gael Garcia Bernal). On attend une merveille, subtile et dérangeante.
Le 10 février, place à la folie et aux petits bonhommes jaunes avec The Lego Batman Movie, de Chris McKay, qui succède à un premier film absolument hilarant. Les choses se feront plus sérieuses le 17 février, avec la sortie de L’Odyssée, drame biographique français sur les explorations du commandant Jacques-Yves Cousteau. Le toujours excellent Lambert Wilson (Des hommes et des dieux) interprète la légende, secondé par Audrey Tautou et Pierre Niney. Le même jour, la sensation cannoise Toni Erdmann, de la cinéaste allemande Maren Ade, prendra l’affiche : cette comédie sur la relation entre une femme d’affaires rigide et son père avait été portée aux nues sur la Croisette.
Le 10 mars, l’adaptation cinématographique du sublime roman Réparer les vivants de Maylis de Kerangal prendra enfin l’affiche au Québec. On y suit le parcours d’un cœur, du décès de son propriétaire initial à sa transplantation. Tahar Rahim, Emmanuelle Seigner et Anne Dorval sont notamment de la distribution. Les premiers échos d’outre-Atlantique sont dithyrambiques. Le reste du mois sera à l’avenant, avec notamment la sortie du très attendu T2 : Trainspotting 2 de Danny Boyle (oscarisé pour Slumdog Millionaire). Pour l’occasion, la bande éclopée du film original (Ewan McGregor, Robert Carlyle, Jonny Lee Miller) reprend du service. Parmi les autres long-métrages dignes de mention, on notera aussi I, Daniel Blake du vétéran Ken Loach, Palme d’or à Cannes, qui prendra l’affiche le 17 mars, de même qu’une toute nouvelle mouture du classique de Disney La belle et la bête, avec Emma Watson dans le rôle-titre.