Malgré que l’automne soit maintenant bien installé dans nos pumpkin spice lattés, le même soleil qui fait rougir les feuilles des arbres semble vouloir repousser à plus tard l’arrivée des grands foulards. Puisque le ciel veut nous faire croire à l’été, on replonge une dernière fois dans nos souvenirs de chaleur, de bonne compagnie…et de musique!
Par Émilie Rioux, journaliste collaboratrice
Septembre 2021, Rouyn-Noranda. Le Festival de Musique Émergente en Abitibi-Témiscamingue bat son plein, alors que l’été joue du coude avec la rentrée scolaire et culturelle. Chaque fois, les dix heures de route qui nous séparent du festival s’avèrent justifiées : les découvertes musicales sont au rendez-vous. Voici quatre polaroïds de ces précieux moments de coup de cœur, où l’air est plus léger et les étoiles sont plus brillantes, sur fond de mine de cuivre et de chemin de fer rouillé.
Lido Pimienta : la diva tropicale
Si j’avais traversé le parc de la Vérenderye avec autant de détermination, c’est uniquement pour elle. Découverte en faisant de la radio dans mon salon (throwback première vague de pandémie), la chanteuse colombiano-canadienne avant tout de suite enflammé le dancefloor situé entre ma télé et mon divan. Force est d’admettre que ces hits tropicaux hispanophones sont aussi venus à bout du froid abitibien. Arrivée sur scène dans une immense robe qu’aurait jalousé Fanfreluche, Lido Pimienta a enchaîné efficacement les hits de son dernier album Miss Colombia. Au-delà du rêve que je cultivais de la voir enfin en spectacle, c’est sa performance vocale qui m’a marqué. Valsant tantôt dans les hauteurs d’une cantatrice soprano, tantôt dans un style presque métal et ce, au sein d’un même refrain. Sans aucun doute la performance la plus explosive et surprenante de l’année.
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Calamine : plus qu’une lotion pour la peau
Au beau milieu d’un vendredi soir, j’ai eu la soudaine envie de partir telle une lonesome cowgirl, tendre l’oreille à une artiste que je connais peu, mais de qui je n’entends que des bons mots. Je ne suis pas une inconditionnelle du rap et de toutes ses déclinaisons : je peux compter sur les doigts d’une main les rappeurs et rappeuses que j’écoute volontairement. Dans cette main, on compte maintenant Julie Gagnon, alias Calamine. Une rappeuse full band? Avec une saxophoniste? Avec des lignes fracassantes féministes? Une aisance naturelle et un sourire contagieux sur scène? Je dis OUI à tout ça! De manière tout à fait inattendue, j’ai été happée par un rayon de soleil en pleine nuit, dans le sous-sol d’une salle de spectacle en béton.
Paul Jacobs : party léger et rock pesant
C’est un drôle de personnage que ce Paul Jacobs. Une masse de cheveux bruns qui s’agitent sur deux épaules frénétiques dansant au son du rock n’ roll. Un batteur enthousiaste dont les lunettes prennent une débarque tout au long du set. Une armée d’amplificateur et de pédales qui se prélassent au soleil….le tout sur le bord d’une piscine, en pleine épluchette de blé d’inde arrosée de bourbon limonade. Je me suis alors fait la promesse de commencer désormais toutes mes journées avec la nonchalance festive de Paul Jacobs, histoire de pimenter un peu l’automne.
Ouri : la force tranquille
En plein cœur d’un après-midi de fin de festival qui peinait à se tenir debout, le nom « Ouri » circulait dans le bouche-à-oreille comme un incontournable. Malgré que je ne connaissais le projet ni d’Ève ni d’Adam, je me suis engouffrée dans le bar où elle se produisait, accompagnée d’un café au lait un peu frisquet. Est-ce la chaleur dans la voix de la chanteuse? L’assurance de l’artiste derrière ses instruments électroniques? Le duo enchanteur avec Antony Carle sur la pièce Felicity? Je ne saurais nommer comment la magie a opéré, mais ce moment précieux passé en compagnie d’Ouri m’a certainement redonné vie. Suffisamment pour traverser le parc de la Vérenderye en sens inverse le lendemain, communément appelé le pèlerinage du retour à la réalité.