Food Club, une pièce écrite et mise en scène par Samantha Clavet, place l’être humain devant un de ses troubles profonds, une problématique sournoise et bien présente qui manipule son comportement. Il s’agit ici des rapports qu’on entretient avec la nourriture ainsi qu’avec notre propre corps. Présentée du 19 au 30 octobre au Premier acte, elle montre ceux et celles qui se dirigent vers la balance comme un animal vers l’abattoir, mais qui par la suite vont « combattre leur peur de manger, pour combattre leur peur de vivre. »
Par Sophie Chouinard, journaliste collaboratrice
Texte et mise en scène : Samantha Clavet | Production : Théâtre Escarpé
Dans un espace scénique insolite, utilisé de manière captivante par les acteur.trice.s, l’œuvre dramatique aborde son propos avec puissance. Elle prend le vice qu’est la relation malsaine entretenue avec la nourriture à bras-le-corps et le secoue dans tous les sens. La pièce expose ainsi un problème imprégné – qu’on veuille se l’admettre ou non – dans la peau de notre société, et ce, brillamment.
Le spectateur.trice assiste en fait à une rébellion contre les restrictions que chacun.e se donne par rapport à son alimentation. Il s’agit de se libérer des régimes ridicules qu’on s’impose par insatisfaction de ce qu’on regarde dans le miroir, du chiffre qu’on lit sur la balance ou de ce qu’on voit chez les autres. L’œuvre rit en plein visage de la honte qu’on peut parfois ressentir face à notre consommation de nourriture, prenant une bonne bouchée de Crisco (littéralement) sous nos yeux.
Bien qu’elle soit construite sur une analepse, la révolte présentée gagne en intensité au fil de la pièce jusqu’à l’atteinte de son paroxysme. Le public est en effet témoin de la création d’une organisation puissante à partir d’une simple rencontre entre deux individus. D’ailleurs, la construction du récit peut sonner une cloche chez quelques spectateur.trice.s, puisqu’elle fait référence à un film parût en 1999, mettant en vedette Edouard Norton, Brad Pitt et Helena Bonham Carter et dont le titre ressemble étrangement à celui de cette pièce. Du coup, cette référence risque aussi de provoquer une certaine confusion – surtout à la fin – chez ceux et celles qui ne la connaissent pas. Ce serait alors une sorte de confusion qui, lorsque ressentie, peut pousser la personne atteinte à commenter Food Club en disant que « c’était spécial ». Cependant, s’il est vrai que cette pièce est particulière, c’est grâce à son originalité, son audace et sa petite touche d’humour. Il faut aussi avouer que la façon d’utiliser la référence cinématographique, de la transposer sur scène pour évoquer son propre discours, est tout à fait merveilleuse.
Crédits photo: David Mendoza Hélaine