La troisième édition du Festival de théâtre de l’Université Laval (FTUL) s’est terminée le 18 mars après 10 jours d’activités. Tant du côté des organisateurs que des présidents d’honneur du Théâtre Rude Ingénierie et des participants, la satisfaction se lisait sur tous les visages à la soirée de clôture.
« Ça a dépassé mes attentes. Je suis extrêmement fière du travail de l’équipe, de ce qu’on a réussi à faire en gang », assure la codirectrice du FTUL, Rosie Belley.
Elle souligne l’apport de l’équipe de bénévoles, composée de plus de 25 personnes, qui se sont, selon elle, « impliquées à fond » en demandant même à l’occasion de faire plus d’heures, tellement elles appréciaient leur expérience.
Le public a aussi offert un accueil chaleureux aux artistes, alors que l’ensemble des projets a reçu entre 20 et 70 personnes. « C’est une belle réponse des gens, qui ont pris la peine de se déplacer. On a vraiment monté la barre et élevé le jeu depuis l’an passé », estime Rosie.
Du côté des artistes, le retour est aussi positif. « Tout le monde a beaucoup appris. Les gens sont très contents des commentaires du public. C’est ce qu’ils venaient chercher et je pense qu’ils en sont ressortis nourris. On avait un public ouvert, emballé, ce qui a donné lieu à de belles discussions », mentionne-t-elle.
Résister aux embûches
L’équipe du Festival n’a pas toujours eu la tâche facile alors que plusieurs obstacles se sont dressés sur son chemin. À quelques jours de l’événement, les menaces de grève du Réseau de transport de la Capitale (RTC) ont fait craindre le pire aux organisateurs. Celle du Syndicat des employés de l’Université Laval (SEUL) les inquiétait également pour ce qui est de la location des locaux et des clés, mais tout s’est finalement déroulé pour le mieux.
Seul petit imprévu : la tempête qui s’est abattue sur le Québec le mardi soir, a forcé la suspension des activités à l’UL le mercredi matin et donc le report du colloque du RASE qui se déroulait dans la journée.
Les prestations de la soirée se sont toutefois tout de même déroulées au Pantoum, attirant une foule moins nombreuse, mais enthousiaste. « Disons que tout ça a ramené les choses à l’essentiel. Mais ça nous a surtout montré qu’on est plus forts que ça. Le FTUL, c’est un survivor », s’exclame la codirectrice, en riant.
Des présidents d’honneur heureux
La codirectrice lève aussi son chapeau au trio du Théâtre Rude Ingénierie (TRI) qui a été extraordinaire, selon elle. « On avait les meilleurs présidents d’honneur possible. Le fait qu’ils sont trois a aussi été super, parce que ça demande beaucoup de temps de voir tous les projets, mais à trois, ils pouvaient se les séparer. Je pense qu’ils ont trippé autant que nous. » Elle a d’ailleurs apprécié d’avoir un autre regard sur l’événement et croit que cela pourrait éventuellement amener d’autres collaborations avec eux.
De leur côté, les membres du TRI n’ont que des bons mots pour l’organisation. « Je leur lève tous mes chapeaux. Un festival de 10 jours, peu importe le gabarit, c’est une grosse affaire et c’était super tight, super bien présenté. Je souhaite que ça rayonne, que ça fasse parler, parce que c’est tout un niveau de création qui, à Québec, n’a pas assez de promotion », estime Bruno Bouchard.
À l’instar de Rosie, il estime que des collaborations pourraient même se former éventuellement. « C’est fantastique et inspirant. Ça évoque toute une pulsion de création qu’on retrouve moins quand on se professionnalise. Tout est fait d’une façon brute, urgente, instinctive qui est super agréable, vitale, directe, comme des chocs électriques. C’est une énergie qu’on retrouvait dans toutes les propositions. De fréquenter ça, c’est magnifique », constate Bruno.
L’heure du bilan
Rosie Belley gardera des souvenirs impérissables de son année comme codirectrice aux côtés de sa collègue Aube Forest-Dion. « C’est le plus bel accomplissement de ma vie. À 22 ans, je peux dire que j’ai coordonné un festival, constate Rosie, visiblement émue. C’est super exigeant, ça demande un gros investissement, mais c’est super quand on voit que ça marche. »
À ses successeurs à la tête de l’organisation, Rosie recommandera sans hésiter de garder une double direction. Selon elle, la division des tâches et des responsabilités évite de pousser le responsable à l’épuisement avec plus de 200 personnes à gérer. « En cas de doute ou de trop grande fatigue, on a quelqu’un sur qui s’appuyer. Chacune avait ses tâches, mais on s’entraidait. Je crois qu’on a su être un duo inséparable au cours des dernières semaines », estime l’étudiante.
Rosie se dit enthousiaste pour les prochaines années et assure qu’il y aura sans contredit une quatrième édition. D’ici là, l’ensemble des comités organisateurs se réuniront vendredi pour faire un bilan des activités et voir les changements à apporter pour les prochaines années.
Cette année, le FTUL s’était donné pour mandat d’inciter à la rediffusion des projets dans d’autres cadres. C’est pourquoi l’organisation a proposé à ses présidents d’honneurs de sélectionner leurs coups de cœur.
Ceux-ci ont ainsi souligné le travail des équipes des projets Il faut vivre et Untouched Land, mais ont finalement choisi de remettre leur prix à Dans forêt, tout seul, avec toi de Roxane Azzaria (auteure) et Émile Beauchemin (metteur en scène). Ils ont ainsi souligné « l’élégante rencontre entre simplicité et complexité » et la qualité de la dramaturgie. « C’est une belle proposition, une belle promesse », estime Bruno Bouchard, qui espère que le duo poursuivra son travail.
Pour Roxane, qui travaille sur le texte depuis plus d’un an, il s’agit d’une « bonne tape dans le dos ». Pour la suite des choses, elle compte continuer l’écriture en même temps que les les explorations scéniques avec Émile et les comédiens. « De voir comment on peut faire évoluer le dispositif et faire évoluer la vidéo, et de voir comment Roxane intègre ça aussi dans son processus d’écriture, c’est vraiment ça la suite », assure le metteur en scène, qui compte aussi davantage travailler avec les acteurs. À surveiller.
SPOT
Un représentant de la Sympathique place ouverte à tous (SPOT), Martin F. Daigle, est également venu remettre un prix permettant au coup de cœur de l’équipe de présenter sa pièce au SPOT cet été.
C’est la troupe de Du Chinois, de Montréal, qui est repartie avec les honneurs. « C’est une pièce assez légère et surtout très ludique et ouverte à tous. Elle est tout à fait apte à être présentée à l’extérieur, au beau jour, devant des enfants. Le but est que chacun puisse trouver son plaisir dans cette pièce-là », explique Martin. Du Chinois se mérite donc une bourse de 250 $ en plus d’être invitée au SPOT.