Le conflit israélo-palestinien, véritable noeud tragique, constitue un thème presque inépuisable pour les cinéastes. Anaïs Barbeau-Lavalette, réalisatrice acclamée du film Le Ring en 2007, a attendu de nombreuses années avant de nous présenter sa seconde offrande, tournée vers l’Orient.
Nathan Murray
Si le résultat est plus qu’honorable, il ne suffira peut-être pas à combler les attentes élevées que suscitait cette nouvelle production de micro_scope (Incendies, Monsieur Lazhar).
Le long-métrage suit les pas de Chloé (Évelyne Brochu, qui offre une touchante performance), une obstétricienne d’origine québécoise oeuvrant dans une clinique située en plein coeur d’un camp de réfugiés palestiniens. Chaque jour, elle quitte Israël et passe les contrôles pour rejoindre un monde dur, parfois lumineux, où l’espoir, la révolte et l’abattement se côtoient. Malgré les évidences d’un conflit qu’elle ne peut ignorer puisqu’il teinte toutes les paroles et toutes les actions, Chloé en viendra à nouer des liens des deux côtés du mur. Sa vie se déploie ainsi sous nos yeux, partagée entre son travail à la clinique, sa vie «israélienne» avec sa voisine et amie, la jeune militaire Ava (Sivan Levy), et sa vie «palestinienne», où elle se rapproche de plus en plus de la famille de l’une de ses patientes enceinte, Rand (Sabrina Ouazani). Très vite, cependant, les dures réalités d’un monde polarisé à l’extrême la rattraperont.
Inch’ Allah n’est pas Incendies : le scénario est moins touffu, et le film verse dans le quotidien beaucoup plus que dans l’extraordinaire. Ce quotidien, cependant, est à la fois terrible et touchant, parsemé de petits et de grands drames. Le portrait que peint pour nous Anaïs Barbeau-Lavalette, s’il peut nous apparaître froid au premier abord, n’en est pas moins vibrant, grandement réussi. Emporté par le flux tranquille, mais implacable de ce monde lointain et divisé, le spectateur se retrouve ainsi, tout comme Chloé, en équilibre sur cette infranchissable frontière.