Le réseau Interférences, arts et technologies, fondé par Louis-Robert Bouchard, faisait partie des invités du KIKK Festival et des Grands Rendez-vous Wallonie-Bruxelles-Québec – Créativité Numérique au début du mois. Le créateur et son équipe se sont donc rendus à Namur, en Belgique, pour une visite express de trois jours.
Le principal objectif de Louis-Robert, en quittant pour la Belgique, était de rencontrer de potentiels partenaires et de faire connaître son projet à l’international. Après avoir exposé pendant environ 8 heures par jour durant toute la durée de l’évènement et parlé de son projet à des centaines de personne, il peut dire mission accomplie. Selon lui, de 10 à 15 000 personnes au total se sont présentées au salon où ils exposaient.
Une première expérience réussie
L’aventure du graffiti numérique a commencé l’hiver dernier pour Interférences. La Ville de Québec avait alors fait un appel de projets « Graffitis et tags numériques ». L’objectif était de créer un projet qui mélangeait numérique, jeunesse et patrimoine. « Par coïncidence, moi, c’était un projet que je voulais faire depuis longtemps, raconte Louis-Robert Bouchard. Je voulais mixer le médium de la canette avec le mapping vidéo, la projection vidéo architecturale, la projection vidéo de grand format. Donc on a déposé un projet sur l’appel d’offre, et on l’a eu. »
L’artiste a ainsi pu développer un premier prototype, en collaboration avec Nathalie Côté, et le tester avec des jeunes de l’école secondaire Joseph-François-Perreault. Un premier évènement pour présenter le projet Encres et Lumières s’est donc tenu le 16 juin alors que les élèves ont dessiné en direct sur les murs du Grand Théâtre de Québec.
« Concrètement, explique l’adjointe à la direction générale d’Interférences Marie-Claude Taschereau, une canette de graffiti vidéo c’est comme une traduction numérique d’une vraie canette d’aérosol, sauf qu’il y a une lumière LED sur la canette avec une caméra infrarouge qui traque la lumière dans l’espace. Donc, quand on bouge, la caméra suit le mouvement. » La canette de graffiti numérique est par ailleurs munie d’un bouton avec un senseur de pression, ce qui fait que, lorsque l’artiste appuie, le trait est plus opaque, ou diffus, selon la pression employée.
Un logiciel permet également de choisir la couleur, le style du trait et sa largeur. Le tout est rendu visible en direct grâce à un projecteur vidéo pointé sur une façade. « Ça fait que, maintenant, on peut faire du graffiti sur n’importe quoi! », complète Louis-Robert Bouchard. Selon lui, ce qui est particulièrement intéressant avec le graffiti numérique, c’est qu’enfants, adultes et professionnels peuvent tous se servir du logiciel et y trouver leur compte.
Un projet phare
Après cette phase de prototype, Louis-Robert Bouchard est prêt à passer à la suite des choses afin de rendre un produit plus fini. Le but du projet : amener l’art numérique au public. « C’est de rendre ce médium-là, qui est encore très marginal, le plus répandu, le plus accessible possible au grand public », assure Marie-Claude. Cela va dans la lignée du concept de médiation culturelle, qui fait partie des missions du réseau et qui tient particulièrement à cœur à son concepteur.
« Interférences, on est une jeune compagnie et ça c’est notre premier projet. Ça va nous servir de carte de visite pour la suite, explique Louis-Robert. C’est un projet qui intéresse beaucoup de monde, on l’a bien réalisé, ça marche bien et on l’a présenté à plusieurs places importantes. Dans notre portfolio, sur le site Web que je suis en train de construire, ça va être notre projet phare. »
Une longue liste d’idées
La liste de projets du réseau est longue. En plus du graffiti numérique, l’équipe a présenté cette année sa première soirée d’improvisation multidisciplinaire, activité qu’elle compte refaire. Louis-Robert travaille également sur d’autres activités de développement numérique avec des jeunes, un spectacle solo et des projets avec des collaborateurs de l’Université Laval, comme Émile Beauchemin. « Ce ne sont pas les projets qui manquent », lance Louis-Robert.
Selon lui, il y a bel et bien une place pour le développement de l’art numérique à Québec. « On a déjà de belles institutions, comme Recto-Verso et la Chambre blanche qui existent depuis plusieurs années et qui nous appuient et avec qui on collabore, mais je pense qu’il y a de la place pour un nouveau joueur, estime-t-il. On va amener une nouvelle dynamique en arts et technologies à Québec et, éventuellement, à l’international. C’est un premier pas qu’on a fait en allant à Namur. »
Les prochains Grands Rendez-Vous vont se tenir à Québec l’an prochain. Selon Marie-Claude, « pour d’autres organismes de Québec qui veulent se lancer dans le numérique, ça va être très stimulant d’être en contact avec des partenaires de l’étranger qui vont venir directement dans la ville. Ça risque d’être très prometteur pour l’émergence de la culture numérique au cours des prochaines années ».