L’inimitable Jorane est à quelques jours du lancement de son album L’instant aimé : bref compte-rendu d’un échange passionnant de musicienne à musicienne.
Justine Pomerleau Turcotte
Lorsque Jorane a décidé pour la première fois de se lancer sur une scène, chantant en s’accompagnant de son violoncelle, elle ouvrait la voie à un créneau jusqu’ici inexploité, dans un monde musical où les auteurs-compositeurs-interprètes jouant de la guitare ou du piano sont légion. Pourtant, le premier contact avec cet instrument qui fascine tant s’est fait un peu par hasard : au début de ses études en musique au Cégep de Ste-Foy, elle opte pour la guitare classique en instrument principal et pour le violoncelle en instrument second, puisque la classe de chant est déjà pleine. Sa professeure, Huguette Morin (qui enseigne toujours et que l’on peut entendre régulièrement avec l’OSQ), agira comme mentor et sera d’une grande influence dans son choix de changer de cap. Une décision qu’elle n’a d’ailleurs jamais regrettée, même si commencer à jouer d’un instrument plus tardivement comporte son lot de défis.
Évidemment, son bagage d’interprète et de multi-instrumentiste teinte sa création, tout comme sa façon de livrer ses chansons sur scène. «Je voue un respect immense aux instruments, et à la musique. [ … ] Il faut qu’il y ait passation des connaissances». Les musiciens, peu importent leurs horizons, interprètes dans la plus pure tradition classique ou autodidactes, sont donc des témoins, des messagers.
L’instant aimé, qui sera disponible dès le 6 novembre, se révèle être un résumé de sa carrière : on retrouve des passages en langue imaginaire comme à ses débuts, des pièces instrumentales, deux reprises et des compositions co-écrites avec Reggie Brassard. L’album bénéficie également de l’inspiration du réalisateur d’expérience Jean Massicotte. Depuis deux ans, le développement de sa voix est une priorité – changement amorcé pour peaufiner les interprétations des reprises choisies pour Une sorcière comme les autres, son dernier album – alors qu’avant, le travail au violoncelle avait préséance. Résultat : on obtient le «tome II» de Jorane, artiste encore plus complète.
Après six ans d’absence outre-Atlantique, Jorane se réjouit de la place accordée à la musique instrumentale en France : les groupes qui s’y consacrent réussissent à vendre, peu importe le style, «cirque, fanfare, fusion-machin», et le public se déplace, parfois pour voir deux prestations par soir. Un éventuel opus instrumental est d’ailleurs dans sa ligne de mire.
On risque de devoir attendre l’été avant de voir L’instant aimé sur scène. Dans le meilleur des mondes, avec une instrumentation peu usitée : deux violoncelles et un marimba. L’audace et la passion seront au rendez-vous.