Jour 10 du Festival d’été de Québec : Un 14 juillet avant l’heure

Avant-dernier jour chargé au Festival d’été de Québec par ce beau samedi ensoleillé.

Cyril Schreiber

Sur l’heure du midi, L’Ampli de Québec, école de formation musicale, présentait sur la Place d’Youville quelques-uns de ses jeunes élèves, dont le groupe The Seasons et Maude, jeune chanteuse qui a sorti son premier album, Le temps inventé, plus tôt cette année. Entourée de ses trois musiciens dont Navet Confit, qui a réalisé l’album, Maude a joué de manière convaincante ses chansons d’amour devant une petite foule familiale qui avait à subir le soleil tapant. Une jeune artiste prometteuse de Québec à découvrir absolument.

À 15h30, sous un soleil toujours aussi tapant, c’est la formation française Vendeurs d’enclumes qui s’est présentée sur la scène Hydro-Québec de la Place d’Youville pour ouvrir une section spéciale France, un jour avant la fête nationale. On parle ici de chansons à textes sur des musiques rock-jazz déployées via des cuivres, saxophones et clarinettes. Si on a parfaitement entendu et apprécié la voix éraillée et les textes du chanteur Valérian Renault, ce n’était certainement pas le lieu ni l’heure idéale pour se laisser envoûter par Vendeurs d’enclumes. En espérant que le Festival d’été de Québec réinvite le groupe l’année prochaine, à l’Impérial par exemple, lieu semble-t-il tout indiqué pour être vraiment totalement charmé…

Toujours à la Place d’Youville, sur le coup de 18h30 cette fois-ci, c’est le chanteur français Daran qui se produisait une fois de plus à Québec, lui qui habite maintenant à Montréal. On a souvent eu l’occasion de voir Daran en spectacle, que ce soit au cours de sa carrière (même lorsqu’il habitait en France, il venait par chez nous régulièrement) ou lors de la présente tournée découlant de son dernier album en date, L’homme dont les bras sont des branches. Devant une bonne foule et entouré de trois musiciens (André Papanicolaou, Marc Chartrain et Philippe Morissette), Daran y a été dans ce qu’il sait faire de mieux, du bon rock en français efficace aussi bien dans les textes bien souvent signés Pierre-Yves Lebert que dans les musiques, tant dans les pièces plus rythmées que dans les ballades, dont la très belle Une sorte d’église dans l’arrangement de Louis-Jean Cormier. Côté sonorisation, ce ne fut pas si mal, ce qui n’était pas si évident que ça  avec le vent, même si la voix se perdait de temps à autre. Pour sa première fois sur la scène de la Place d’Youville, Daran a offert un excellent spectacle rock francophone alors qu’il faisait encore jour, et alors qu’il avait le soleil en pleine face… Un bel exploit à tous points de vue pour cette 120ième date et dernier spectacle au Québec de la tournée !

Détour en Basse-Ville obligatoire qui interrompt ce spécial France à la Place d’Youville pour aller voir et entendre Leif Vollebekk à l’Impérial, sur la rue St-Joseph. Le chanteur canadien originaire d’Ottawa, qui a sorti son deuxième album en février dernier, North Americana, fait un folk absolument unique où la structure de ses chansons est complètement brisée. Celles-ci sont indescriptibles, il faut les entendre pour les vivre. Vollebekk n’hésite pas à réarranger complètement ses chansons, y compris même dans leur structure interne. Devant une bonne foule attentive, Vollebekk n’a pas failli à sa tâche pour son premier Impérial en la compagnie de ses quatre musiciens dont l’excellent  saxophoniste Adam Kinner. En plus de ses propres chansons, il n’a pas hésité à piger dans son récent album numérique de reprises, qui compte notamment Neil Young (Barstool Blues) et The Killers (Read my mind). Un peu moins d’une petite heure de spectacle qui fera patienter en attendant son retour à Québec

Retour à la Place d’Youville vers 21h30 pour y voir l’un des phénomènes musicaux de l’Hexagone des dernières années, la chanteuse Zaz. Celle dont le plus grand succès reste Je veux (inévitablement au programme, mais pas forcément à la fin) venait notamment présenter les chansons de son deuxième album, Recto verso, paru en mai dernier. Situation étrange tout juste avant le spectacle, alors que les musiciens effectuaient leur test de son devant le public… Quoiqu’il en soit, Zaz et ses six musiciens ne sont pas venus pour rien, et les nombreux spectateurs qui ont rempli la Place d’Youville, de par leur présence mais aussi de par leurs chants, ont pu voir de quel bois Zaz se chauffait : bête de scène cependant équilibrée, l’énergique Française a offert un spectacle très entraînant, sans véritable temps mort, car même dans la section plus jazz, ça swinguait, notamment sur des reprises d’Édith Piaf (La vie en rose) et d’Aznavour (Oublie Loulou). Accordéon et son fameux gazou naturel étaient notamment au rendez-vous de cette artiste énergique, peut-être parfois trop, mais pas ce soir-là. Reste à voir si son passage dimanche soir sur les Plaines d’Abraham avant Raphael Saadiq et un certain Stevie Wonder aura eu le même effet que ce beau samedi soir sur la Place d’Youville.

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