Il fallait faire des choix quasi-cornéliens pour cette onzième et dernière journée du 46e Festival d’été de Québec. Et si manquer ce qui fut probablement le dernier spectacle de Stevie Wonder à Québec sur les Plaines d’Abraham reste un sacrilège pour plusieurs, il n’était pas question non plus de manquer un très beau trio québécois au Parc de la Francophonie.
Cyril Schreiber
- Stevie Wonder. Crédit photo : Hubert Gaudreau
Comme d’habitude, la soirée a débuté à 19h avec un premier groupe, Hôtel Morphée. Le quatuor mené par la chanteuse Laurence Nerbonne, qui s’est adjoint les services de Martin Lamontagne de Karkwa à la basse, a chanté les chansons de son premier album complet paru cette année, Des histoires de fantômes, devant certes une poignée d’auditeurs attentifs sur le devant de la scène, mais surtout un Pigeonnier relativement vide. Dommage, car la troupe a livré une belle performance, toujours trop courte mais assez convaincante pour inciter les non-initiés à tendre l’oreille vers leurs textes travaillés et leur musique rock-electro dans laquelle on peut entendre du violon ! Un groupe à surveiller dans les prochains mois.
Au programme à 20h, David Giguère, le jeune chanteur québécois aussi comédien, qui a fait paraître un excellent premier album l’année dernière, Hisser haut, qui continue de bien s’écouter. Devant une foule pas tellement plus nombreuse mais peut-être plus vivante, celui qui revient du Brésil où il a joué dans le cadre de la semaine de la Fête de la francophonie a sorti l’artillerie lourde, avec ses cinq musiciens et ses chansons pop très efficaces, tantôt énergiques, tantôt plus calmes, comme l’un de ces nouveaux titres bien accueillis par la foule, très attentive. Charmant, excité, volubile, visiblement heureux d’être là, Giguère était programmé au OFF l’année dernière puis au Pigeonnier cette année au FEQ. Il ne faudrait pas s’étonner de le revoir l’été prochain à Québec dans un lieu et surtout à une heure plus propice. Ce serait amplement mérité pour lui, qui a mis le public dans sa petite poche dans des conditions diurnes pas évidentes. Et les nouvelles chansons laissaient présager un avenir radieux et un deuxième album tout aussi bon que le premier !
50 ans de carrière pour Robert Charlebois, l’une des icônes de la chanson québécoise, ce n’est quand même pas rien. Pour cette tournée-événement, le public de Québec avait la chance de le (re)voir dans une relative intimité au Parc de la Francophonie dans le cadre du Festival d’été de Québec. Malheureusement, Stevie Wonder ou dernier jour du festival, le site était très loin d’être rempli à sa pleine capacité ; une situation un peu étrange et triste, car ce n’est pas n’importe quel chanteur tout de même.
Pas d’amis chanteurs invités comme aux Francofolies de Montréal, mais un solide show rock sans aucun temps mort, même durant les ballades, avec huit musiciens (dont trois cuivres qui apportaient du coffre) et que des tubes, de Conception à Ordinaire en passant par Je reviendrai à Montréal et Les ailes d’un ange. Il n’a pas hésité à piger même dans son répertoire plus kitsch avec Les talons hauts, J’t’aime comme un fou, J’veux d’l’amour ou C’est pas physique c’est électrique, au plus grand plaisir (coupable) du public, chorégraphies à l’appui !
Charlebois, à 69 ans bien sonnés, se déhanche sur scène comme s’il en avait 20. Il a proposé, à ceux et celles qui avaient refusé les autres alléchantes propositions du FEQ, une belle grande fête forcément moins fréquentée que les Plaines d’Abraham, mais non moins agréable, comme une parfaite conclusion pour cette 46ième édition.