Émile Proulx-Cloutier performait les 30 et 31 mars son spectacle À mains nues, dans la belle salle Octave-Crémazie, au Grand Théâtre. C’était bondé, les têtes ondulaient suivant un son tantôt bien rythmé, tantôt plus soyeux, et à la sortie les commentaires étaient unanimes : « Quel poète! C’était donc beau! ».
Par Sabrina Boulanger, journaliste multimédia
L’artiste multidisciplinaire est un habitué de la scène et s’offre en spectacle de manière très complète : il nous fait rire, il nous fait réfléchir, il nous berce de ses chansons et histoires. Émile Proulx-Cloutier, son piano, son micro et ses pédales, ses partenaires à l’audiovisuel étaient seuls – bref, pas si solitaire – pour un rendu moins dense que ce qui est produit sur album.
Je n’ai que de louanges pour cet artiste. Ma seule critique : le spectacle s’annonce dépouillé, mais n’est pas assez assumé comme tel, à mon avis. Le visuel chargé avec les lumières qui clignotent et caracolent à la manière du satellite de sa chanson m’a personnellement expulsée du mood plus qu’ils ne m’y ont fait plonger. Heureusement, toutes les pièces n’étaient pas aussi surchargées.
N’empêche que la trame instrumentale écrémée accorde à l’auditeur.rice une attention plus grande sur les textes engagés. On a découvert un grand répertoire de nouveautés qui ne sont pas sur disque, visiblement inspirées de la pandémie à plusieurs endroits. En effet, Émile Proulx-Cloutier s’est offert à nous en toute vulnérabilité par l’exposition de ses introspections covidiennes, se questionnant sur son rôle en tant qu’artiste et en faisant miroiter dans ses propos une réalité que beaucoup ont vécue.
Proulx-Cloutier raconte la folie, la peur et la détresse, mais aussi l’amour, le beau et la force avec un doigté et une sensibilité qui lui sont propres. Il explore l’humain dans tout ce qu’il a beau et de laid qui le rendent comme tel, et le résultat musical est exquis. Le spectateur visitera assurément une gamme d’émotion bien garnie : plusieurs textes font s’embuer les yeux, parce qu’ils sont magnifiquement rédigés, parce qu’ils chatouillent des sujets qui nous sont chers. Et, bien entendu, impossible de sortir d’un spectacle d’Émile Proulx-Cloutier sans avoir revisité notre affection envers notre langue française, et sans s’être senti.e émerveillé.e des déclinaisons de nos expressions.
Quelle chance pour celleux ayant manqué les représentations de mars : il sera de retour à Québec cet automne!