Du 8 au 19 juin 2021 est présentée au Périscope L’amour est un dumpling, pièce écrite par Mathieu Quesnel et Nathalie Doummar et mise en scène par la talentueuse Marie-Hélène Gendreau. Malgré la délicate alchimie entre la scénographie et l’éclairage qui nous immerge au cœur de retrouvailles écrites de manière plus maladroite qu’authentique, la pièce nous laisse sur un arrière-goût de trop peu.
William Pépin, journaliste web
Marc et Claudia, deux anciens amants interprétés par Simon Lepage et Mary-Lee Picknell, se donnent rendez-vous dans un restaurant où complicité, nostalgie, colère et amertume s’entrelacent. Retrouvailles proposées par Claudia, Marc tentera de connaître la mystérieuse raison de son initiative au travers d’un vif échange ponctué d’interventions de la serveuse interprétée par la touchante Sarangerel Tserenpil.
Retrouvailles
C’est avec une émotion certaine que la metteuse en scène Marie-Hélène Gendreau a d’abord introduits sa pièce aux spectateurs et nous pouvons aisément la comprendre. Plus d’une année après l’arrêt complet des spectacles et la mise en sourdine de la sphère culturelle, L’amour est un dumpling ne concerne pas que les retrouvailles de ses deux protagonistes. C’est également l’histoire d’un public qui renoue avec la scène.
Un rythme sur la corde raide
Le rythme et l’énergie dont les comédiens font preuve nous plongent sans difficulté dans la pièce qui se déroule en temps réel, c’est-à-dire environ une heure. Seuls les nombreux silences qui ponctuent les dialogues dans les premières minutes du spectacle s’étirent exagérément. Gendreau use brillamment de l’espace scénique et n’hésite pas à faire déplacer les comédiens d’un bout à l’autre de la salle, véritables coups de vent qui ajoutent au dynamisme du rythme.
Conjuguer les tons
Malgré une mise en scène qui exploite avec intelligence l’espace scénique et un rythme bien travaillé, les dialogues convenus, frôlant le cliché à maintes reprises, assombrissent le résultat final. À force de vouloir autant jongler avec les tons, les montagnes russes d’émotions que nous devrions ressentir prennent bien trop souvent l’allure d’un terrain plat. L’immersion créée par la lumière et l’ambiance sonore nous aide cependant à ne pas décrocher complètement.
L’amertume de la légèreté
L’amour est un dumpling est somme toute une pièce qui fait du bien. C’est par l’humour qu’on nous invite à aborder des sentiments comme l’amertume, le regret, mais aussi la nostalgie d’un passé (révolu?), non sans quelques moments vraiment touchants, rares brèches lumineuses qui éclaboussent un texte en dents de scie.
Crédits photo: Frank Vachon