C’est au Théâtre du Petit Champlain que la formation I.No a proposé une mise en scène travaillée de son album Haunted Hearts, sorti au début de l’année. L’occasion pour le public d’apprécier des pièces savamment rodées à leur plein potentiel.
Lucie Claire Boutoille
C’est vendredi soir dernier que connaisseurs comme novices s’étaient donné rendez-vous pour une soirée intimiste sous la bannière du folk en compagnie des membres de I.No. Scénographie intéressante, éclairage adapté, un son à la hauteur des ajustements du Petit Champlain, ce qu’il faut pour aimer un groupe habitué au brouhaha des bars dont il fait la tournée depuis longtemps. La scène ne leur était pour autant pas inconnue, eux qui l’avait foulée à quelques reprises, sans cependant tenir la tête d’affiche.
Pierre Fortin a ouvert le bal avec son projet solo, accompagné d’Olivier Langevin à la basse (bien connu d’I.No dont il a réalisé le premier album). Si, musicalement, on pouvait se réjouir de l’originalité des arrangements, la poésie parfois un peu facile de Fortin ne semblait pas à la hauteur des performances des musiciens et nous aura laissés sur notre faim.
Le temps d’installer un décor sobre, I.No entrait sur scène sous les applaudissements. Chanson après chanson, c’était un délice pour les oreilles, tant on sent la pratique intensive qu’ont subie les morceaux à force de spectacles. Amélie Nault, sensuelle et captivante avec cette voix si juste, trouvait moyen d’être humble grâce à quelques remarques, elle qui se dit encore intimidée par ces spectateurs calmes et attentifs à ses moindres gestes. À nouveau, c’était un plaisir de constater la complicité entre la chanteuse et le batteur, Olivier Beaulieu. Il y eut l’émouvante et maintenant quasi-traditionnelle introduction à la chanson «Mon chéri», montrant que Nault sait rester fidèle à ce qui la touche dans cette prestation troublante d’honnêteté. La simplicité et l’ardeur qu’ils mettent à la tâche sont peut-être les seules réponses que l’on trouve pour expliquer le succès de la formation qui semble n’avoir jamais cessé de travailler en trois années d’existence. Le spectacle de vendredi soir n’était qu’une nouvelle et belle preuve de l’acharnement du groupe à se faire une place de choix dans le paysage musical québécois.
À nouveau, I.No a su nous enchanter. C’est sans surprise que nous en sommes sortis le sourire aux lèvres, chantonnant sur le chemin du retour des bribes du spectacle comme un baume réconfortant sur la pluie de novembre.