Il y a des femmes qui aiment se battre, des policières, des madames plus âgées, des mamans, des femmes trans et des sportives de haut niveau ; c’est un film pour une sororité qui dit « that’s enough », mais surtout, qui guérit. Sans trop divulgâcher, voici quelques mots sur la première comédie sportive québécoise au féminin, en salle dès le 28 novembre.
Par Léon Bodier, chef de pupitre aux arts et à la culture
| Scénario : Gabrielle Côté | Réalisation : Mélanie Charbonneau | Production : Immina Films | Distribution : Gabrielle Côté, Anne-Élisabeth Bossé, France Castel, Aurélia Arandi-Longpré, Debbie Lynch-White, Lyraël Dauphin, Ximena Ferrer Olasa, Nathalie Doummar, Sandrine Bisson, Samantha Fins |
La ville de Waterloo, en Estrie, accueille nouvellement leur équipe de hockey semi-pro masculine, les Napoléons ; une tragédie pour les ligues féminines et juniors qui se retrouvent expulsées de la glace. Une maman hockeyeuse coincée avec un travail d’intérêt général pour altercation, et une ancienne championne de patin à roulette octogénaire, décident ensemble de créer une équipe de roller derby « parce que le sport c’est notre fucking self-care. »
Qui dit roller derby pense immédiatement à Whip It! (Drew Barrymore, 2009). Or, chez Charbonneau, on est loin de l’équipe aguerrie prête à initier une recrue à l’art de ce sport de contact. La réalisatrice — qui vient tout juste de présenter le biopic québécois Seul au front — reste fidèle à sa volonté de refléter le réel. L’équipe clandestine des furies peine à tenir debout sur des roulettes et réussir l’inspection de la ligue montréalaise relève de l’exploit.
Bien sûr, surmonter ces défis pour démontrer que les femmes ont autant leur place que quiconque sur une piste de sport demeure essentiel ; mais le film soulève une question plus profonde. Cette gang de « filles qui partent des feux en pleine pluie », sont-elles véritablement inadaptées, ou est-ce plutôt un monde façonné pour les hommes qui refuse de faire place à leur personnalité ? Dans cette culture où « si y’a un homme qui confirme c’est que ça doit être vrai », les furies de Waterloo refusent d’accepter que leur vie n’ait pas de sens sans leur penchant masculin.
À travers leur amitié et leur héritage matriarcal, elles se regroupent pour rire, « canaliser leur colère » et vivre une épopée qui va rassembler la ville entière, guérir les blessures domestiques, politiques et nostalgiques. Leur coach, Yvette, force les larmes quand elle tone « on fait ça maintenant, on se reposera plus tard », parce qu’attendre que quelqu’un fasse une place à une femme laissée pour compte, c’est fini. Ensemble, à coups de roller et de poing, l’équipe se chamaille et se motive jusqu’à reconnaître que le sens se crée en rendant hommage à celles « à côté de vous ».
En parlant de ça, jeudi 4 décembre prochain, à 18h30, 35 cinémas du Québec préparent un Ciné-tricot autour du film. Caroline, une étudiante à l’Université Laval, partage son expérience :
« Le ciné-tricot est une merveilleuse initiative qui mêle les arts de l’écran et ceux de la laine. C’est une expérience géniale qui réunit des tricoteurs.ses de tous les âges. Mon amie et moi y sommes allées, nous avons adoré rencontrer d’autres personnes avec le même intérêt que nous et sortir le tricot de notre salon pour socialiser tout en profitant des joies du cinéma. »
Cette initiative soutenue par Fil et Film a déjà connu un succès depuis le début de l’année à Montréal. N’hésitez pas à prendre vos billets : https://imminafilms.com/fr/films/les-furies/



