Les petites désillusions

Pour sa première exposition de la saison, L’Établi nous propose une série de clichés réalisée par Maxyme Gagné et Alexandra Quinn.

Jeanne Couture

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Pour leur premier projet en duo, les deux artistes ont su mettre en commun leur pratique respective – Maxyme qui donne plutôt dans la photographie conceptuelle et Alexandra dans le documentaire -, pour en faire émerger une esthétique singulière. De ces deux champs d’intérêt en résulte une exposition sans compromis où elles ont trouvé un espace pour les mettre à profit.

Le projet Les petites désillusions présente treize scènes quotidiennes où des comédiens prennent place dans des décors relevant des films de série B. Dans ces chambres de motel, salles de restaurants ou cuisines d’appartements, se déroule une passion, une rupture ou un déchirement. L’exposition de documentation fictive présente des scénarios hypothétiques d’où sont tirées des images séduisantes et construites. Ici, les photographes agissent à l’instar du réalisateur, dirigeant les acteurs dans leurs fictions.

Le parcours de l’exposition nous fait suivre ces treize histoires d’inconnus dont on impose au spectateur leur intimité, leurs doutes et leurs attentes. À la manière d’aparté au théâtre, les protagonistes regardent vers l’objectif, s’adressant directement au visiteur. Ce procédé nous incite à pénétrer dans l’histoire et à nous imaginer ce qui aurait pu se dérouler avant ou après l’arrêt sur image. Les artistes ont choisi un instant qui fait comprendre au visiteur qu’il arrive quelques secondes trop tard ou trop tôt face à un moment clé de la vie des sujets, sans pour autant le révéler.

Les histoires ainsi créées laissent place à l’interprétation. Le visiteur peut s’approprier la scène et s’y projeter. Le rapport direct avec celui-ci est au cœur de leurs démarches qui vise l’empathie chez le spectateur.

Cette fiction documentée s’inspire de l’univers cinématographique et nous fait nécessairement penser à des pionnières du genre telle que Cindy Sherman ou plus récemment, aux nombreux Love Story ou Occupation Double qui nous exposent une « vraie vie » savamment scénarisée.

Les petites désillusions se poursuit jusqu’au 2 mars.

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