Samedi dernier, les voix féministes se sont élevées à la Maison de la littérature lors de l’événement organisé par Émilie Turmel.
Ce n’est pas la première fois que la comédienne Marianne Marceau et le musicien Frédéric Brunet travaillent ensemble. On se rappelle notamment de la pièce Dévadé de Réjean Ducharme, adaptée au théâtre la Bordée en 2013 et dans laquelle Marianne Marceau interprétait l’un des personnages alors que Frédéric Brunet avait composé la musique de fond.
Une fois de plus, le duo s’est retrouvé dans le projet d’Émilie Turmel, organisatrice de plusieurs événements à la Maison de la littérature, dont Amuse-bouches : voix féministes. Les textes, choisis par l’organisatrice, étaient de genres variés : théâtre, poésie, essai, mais toujours des textes qui donnent à réfléchir.
Frédéric Brunet est un spécialiste en improvisation musicale et a donc usé de son talent pour accompagner les textes interprétés par Marianne Marceau : « Il ne s’agissait pas de représenter le décor ou l’environnement des textes avec la musique, comme on aurait pu le faire avec les registres de la fiction ou du roman. Nous souhaitions davantage visiter des ambiances sonores, des atmosphères », affirme cette dernière.
« C’est notre façon de fonctionner : on lit les textes, on se rencontre, puis on se dit que ça, pour moi, ça veut dire telle chose. Puis, on se donne trois-quatre mots-clés, et puis Frédéric compose avec ça », ajoute-t-elle, insistant sur le fait que c’est donc tout un travail d’équipe à l’interne.
Des textes classiques, mais engagés !
Émilie Turmel, chargée de choisir les textes, a sélectionné d’une part des classiques québécois tels que L’Euguélionne de Louky Bersianik, Les fées ont soif de Denise Boucher ou encore La nef des sorcières de Luce Guilbeault, parues dans les années 1970.
« Ce sont des voix qui ont marqué l’histoire de la littérature féministe au Québec et qu’il faut absolument que les gens connaissent », croit Mme Turmel.
D’autre part, l’organisatrice s’est référée à la maison d’édition féministe Remue-Ménage pour choisir trois textes davantage récents : Les filles en série de Martine Delvaux, ainsi que d’autres auteurs comme Isabelle Boisclair et Lori Saint-Martin.
« Ce sont des textes qui disent que nous n’oublions pas ce que l’histoire a fait pour nous et n’oublions pas que le féminisme est toujours d’actualité. Les jeunes filles d’aujourd’hui ne peuvent pas s’en passer, souligne l’organisatrice. Si on dit non au féminisme, c’est qu’on n’a pas compris ce que c’est vraiment. »
Faire passer un message
Bien que l’événement ait davantage rejoint les communautés vivant aux alentours de la Maison de la littérature, le plus souvent des personnes du troisième-âge, quelques jeunes filles étaient toutefois présentes parmi les spectateurs.
L’organisatrice, qui se considère comme une féministe, avait pour but de tâter le terrain afin de diffuser sa vision de la chose, persuadée que la nouvelle génération de femmes n’est pas assez informée sur le sujet. Ce fût d’autant plus intéressant d’avoir choisi une comédienne et un musicien pour mettre en œuvre ce projet, car cela renvoie à la notion d’égalité entre l’homme et la femme, qui est l’un des fondements du mouvement féministe.
Est-ce que l’écriture est un bon moyen de se faire entendre ? « Définitivement, conclut-elle. Je suis à l’écoute de ce que les mots provoquent en moi comme un peintre à l’écoute de ce que les couleurs provoquent en lui. C’est vraiment mon matériau, je sens à quel point ça s’étire à l’intérieur de moi, je sens l’effet qu’ils peuvent avoir sur les autres… Les mots, ça change les gens. »