La liberté des savanes : Entre nature et torture


Robert Lalonde a tout récemment publié son cinquième carnet, La liberté des savanes. Auteur prolifique, il en est à son 26e livre en 36 ans. Philosophe et doué d’un esprit critique hors du commun, il partage ses réflexions sur la vie, le temps qui passe, la mort et les leçons que la nature lui offre au quotidien. Impact Campus l’a rencontré.

L’écriture dLa liberte des savanes-1u carnet est un genre qui est plus populaire aux États-Unis et Robert Lalonde est un de ceux qui persistent à défendre le genre. « D’abord, ça me repose beaucoup de la fiction, je n’ai pas besoin de mener une intrigue quand je fais ça, j’ai simplement mon univers à moi, mon atelier de création que j’ouvre », explique-t-il.Il avoue d’emblée puiser des suggestions de lecture dans la fréquentation de carnets et propose d’ailleurs lui-même les pensées d’auteurs qui habitent sa bibliothèque. L’éditeur a d’ailleurs inséré, à la toute fin de l’ouvrage, une bibliographie des auteurs cités par l’auteur.

Son petit dernier couvre une année entière dans son intimité, une année bouleversée par la mort du fils du voisin, à qui il s’adresse par moment, à qui il partage des réflexions qu’il aurait aimé lui faire de son vivant et, surtout, à qui il aurait aimé donner la patience d’attendre.

« Il me semble que je pourrais, que j’aurais pu, que j’aurais dû le rescaper, ce garçon impatient, ce dériveur enragé, cet obnubilé d’un malheur qui ne lui est pourtant pas propre, d’un chagrin que chacun éprouve à ses heures et qui passe, pour peu qu’on regarde ailleurs », écrit-il dans son livre. Il avoue que lui-même a dû, à l’âge du fils du voisin, regarder ailleurs et avoir la patience d’attendre que le « contentement de vivre » revienne.

Pour devenir écrivain, il faut écrire

Quelles sont sesLalondeRobert-2012©Martine Doyon_1_300 pratiques d’écriture, de correction? Il écrit chaque jour, jette la moitié de ce qu’il fait, lit énormément avec un œil critique, attentif à ce qui lui plaît et lui déplaît. Il se pose parfois en correcteur et se questionne, comme s’il corrigeait la copie d’un de ses élèves. Au départ, un carnet comme celui-là, qui compte 180 pages, en avait peut-être 300.

L’exercice qu’il fait, c’est en quelque sorte, de jouer au lecteur « Est-ce que j’ai du plaisir, je me joue le truc d’être un lecteur et j’y arrive », mais insiste qu’il faut faire confiance au lecteur. « Si je cite Virginia Woolf, je leur ai dit de la lire, c’est leur affaire, le message est passé. »

Il ajoute cependant que le fait d’être un grand lecteur de poésie l’aide à ne pas remplir sa copie d’inutilités. « C’est simple, je ne connais pas la personne ni le deuil qu’elle est en train de vivre, je n’ai pas besoin de savoir ça, je sais ce qu’est une émotion, ça m’aide tout le temps à aller droit au but. »

La vie imaginée, la vie réelle

Questionné à savoir s’il refusait l’étiquette du livre sur la mort, il n’a pas hésité.  « Tout à fait, c’est une forme de résistance. » Son œuvre est une ouverture sur la nature, une nature non idéalisée, une nature qui ne fait pas de cadeau, une analogie entre la vie au quotidien qu’on se donne parfois trop facile, qu’on imagine facile. « Il y a beaucoup de rapprochements que je fais entre l’univers naturel qui n’est pas pour moi un univers de repos touristique », mentionne-t-il.

En 2013, il publiait un récit, C’est le cœur qui meurt en dernier qui sera porté à l’écran au printemps 2017. « Je ne veux pas savoir si ça ressemble à ce point à mon livre ou pas, je veux savoir si c’est bon. Il y a une bonne émotion dans le film. Le personnage de la mère est quand même là dans sa complexité, mais je ne m’attendais pas et je ne tenais pas à voir une copie conforme. »

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