[Entrevue] Le nouveau roman de Marie-Christine Chartier, Le sommeil des loutres, paru en août dernier, connaît déjà un certain succès critique et commercial. Il s’agit de son troisième livre après L’allégorie des truites arc-en-ciel et Tout comme les tortues qui avaient, eux aussi, reçu un accueil favorable du public et des critiques. L’allégorie des truites arc-en-ciel est même allé quatre fois en réimpression (ce qui est très rare dans le monde littéraire québécois). L’autrice est également candidate au doctorat et chargée de cours à l’Université Laval.
Par Emmy Lapointe, cheffe de pupitre aux arts
Parle-moi de ton doc
« J’ai fait mon bac à Iowa State University en psychologie. Je suis revenue ici, je ne savais pas quoi faire. Je ne savais pas si je voulais continuer mes études. J’ai voulu étudier en littérature, finalement je ne l’ai pas fait. J’ai fait ma maîtrise, je l’ai finie. Je fais un doc en psychopédagogie, je travaille sur la sous-représentation des femmes dans les postes de leadership dans les organisations sportives. »
Comment tu fonctionnes pour l’écriture d’un roman ? Est-ce que tu te fais un plan ?
« Mon but, c’est d’avoir du fun. Quand j’écris, j’ai envie de pas toujours savoir où je m’en vais. Je ne pars pas avec un plan. Au début, avec L’allégorie des truites arc-en-ciel, je ne savais pas du tout où je m’en allais. Pendant un bout, j’ai même pensé tout faire déraper à la fin, je me suis décidée à la dernière seconde. J’aime ça quand même les histoires qui finissent bien. Au début, j’avais zéro plan, maintenant, plus que ça va, plus je réalise que je n’ai pas envie d’écrire soixante pages pour rien et me rendre compte que ça ne va nulle part. Je faisais ça avant, et ça ne me dérangeait pas, ce n’était pas un travail. Là, j’essaie de plus me structurer. »
Plus on avance dans tes romans, plus on voit que tu travailles des émotions plus sombres, pourquoi ?
« Plus ça va, plus je prends confiance en l’idée d’explorer les zones d’ombre, mais comme je le disais, j’aime ça que lire soit un beau moment. Je pense que pour moi, c’est important de balancer ça. Tranquillement, je développe plus ces zones d’ombre là. Ça va aussi avec l’histoire. L’allégorie, c’était tomber en amour, ça ne pouvait pas être super lourd. Ça ne pouvait pas mal finir, mais ces personnages-là, il me reste plein d’affaires à explorer avec eux. J’aimerais ça les revisiter dans une autre histoire et voir dans le moins doux et lumineux, parce que Max et Cam en ont des zones d’ombre aussi. »
Comment tu arrives à conjuguer carrière de romancière assez prolifique, doctorante et d’enseignement ?
« La panique (rire). Je dirais qu’il y a eu un moment où ça a été plus stressant, mais dans les dernières années, j’ai appris à me jauger plus. Je priorise, j’y vais avec ce qui est le plus pressant, je me fais des horaires. Écrire, ça vient toujours un peu s’immiscer dans les trous que j’ai. »
Comment se passe ta vie en temps de reconfinement ?
« Je n’ai pas écrit dans le premier confinement, parce que j’étais stressée par tout ça. J’étais en processus d’édition du Sommeil des loutres, ça m’a aidé, ça m’a donné quelque chose sur quoi me recentrer. Ça me donnait comme un d’espoir qu’un moment donné, ça allait redevenir à quelque chose de plus normal. Là, j’écris plus. »
Test de la revue Cool
Lévis ou Québec : « Lévis maintenant…»
Ta maison dans Harry Potter : « Gryffondor, même si je sais que j’ai tout ce qui faut pour Serpentard. »
Ton signe astrologique : « Vierge »
Ta musique triste préférée ? « Gregory Alan Isakov »
Un auteur québécois ou une autrice québécoise que tu aimes beaucoup ? « Mathieu Simard. Sinon, j’ai beaucoup aimé Shuni de Naomi Fontaine. »
Ce que tu commandes dans un café : « Latté »
Lucas ou Nathan Scott ? « Nathan! »