Les éditions Tête première ont lancé, hier sur leur page facebook, Épidermes, un recueil collectif où nouvelles et poésie se côtoient, se mélangent. Plusieurs écrivain.es de la ville de Québec et lié.es à l’Université Laval en tant qu’enseignant.es, étudiant.es ou diplômé.es ont participé à l’ouvrage.
Parmi les quatorze auteur.es, figurent en effet Alain Beaulieu, Stéphane Ledien, Anne Peyrouse, Anne-Marie Desmeules, Natalie Fontalvo, Alex Thibodeau, Marie-Ève Muller, Jean-Paul Beaumier, Sophie-Anne Landry et Mattia Scarpulla.
Le livre explore « différentes formes de manipulations du corps », des sujets aussi divers que la mort, le sexe, la douleur, par le mouvement ou la perception des sens. La narration semble physiquement habitée, ancrée dans une réalité et une identité, même quand celle-ci est vaporeuse. « Du réalisme à l’onirique, de l’intime au fictif, Épidermes met en scène des existences traversées de rencontres, de luttes et de transformations », selon sa quatrième de couverture.
« avant
j’étais juste
un amas de bourrelets sur deux pattes
[…]
maintenant
que j’ai maigri
[…]
j’existe »
– Bourrelets, Nicholas Giguère
Aucune tranche nette entre les genres dans ce recueil où les nouvelles adoptent parfois la forme versifiée, où la prose est poétique et où les poèmes deviennent narratifs. Un décloisonnement volontaire tant dans le contenu que dans le choix des auteur.rices, soulignent en entrevue Sophie-Anne Landry et Mattia Scarpulla, les codirecteur.rices. Montréal, Québec et Sherbrooke sont ainsi représentées par souci de délocaliser les projets littéraires.
« tu reprends ton chemin de klaxons pis de poussière
de cris de vendeurs ambulants
d’odeurs d’essence pis de friture d’asphalte pis de cayenne »
– toi & les tiennes, Natalie Fontalvo
Disposés entre chaque texte, les poèmes organiques d’Anne-Marie Desmeules agissent comme liant, comme fil conducteur.
« peu de gens s’émeuvent
du destin des rorquals perdus
de leurs chants emmêlés
au fracas des navires »
– Anne-Marie Desmeules
C’est la nouvelle intitulée Effet ambre de Sophie-Anne Landry qui a été le point de départ d’Épidermes. Elle a ensuite proposé le projet à Mattia Scarpulla, s’alliant naturellement en une seule voix, afin d’en assurer la direction. Les codirecteur.rices ont ainsi pu s’investir dans toutes les étapes du processus, de l’approche des auteur.es à la correction d’épreuve, bénéficiant à la fois d’une latitude et d’un accompagnement de la part de l’éditrice Fanie Demeule.
Sophie-Anne Landry est étudiante au baccalauréat en études littéraires ainsi qu’agente de gestion des études au département de foresterie. Sa suite poétique Il fera peut-être naissance est parue aux Éditions d’art Le Sabord en 2017. Elle s’implique auprès du collectif Les Bourrasques, dont elle est la fondatrice, et de La danse des écrivain.es, projet initié par Mattia Scarpulla, qui publiera son premier recueil de poésie au Québec chez Annika Parance, après un recueil de nouvelles et un roman. En tant que doctorant en recherche-création, il consacre une bonne partie de son temps à sa thèse réflexive sur les relations que les écrivain.es entretiennent avec leur corps. Comme tous.tes deux s’intéressent au rapport au corps, leur alliance semble aller de soi. Épidermes ne sera pas leur dernière collaboration, assurent-iels.