C’est une leçon d’intégrité que Yann Perreau a donnée à la Salle Octave-Crémazie du Grand Théâtre le 18 février dernier. L’équipe de l’auteur-compositeur-interprète, qui célèbre soir après soir le rituel de la scène avec énergie, a partagé une musique plus authentique que pop ou alternative. Il faut percevoir la transe de Perreau au moins une fois pour comprendre que l’homme et le poète ne font qu’un.
Ayant grandi parmi les vinyles et les concerts (rock, notamment) qui faisaient partie de l’habitude familiale, Yann a rapidement développé un goût pour la musique. Il est passé par le band à l’adolescence et par les compositions en solo peu avant l’âge adulte. Pour lui, le micro est non seulement une passion, mais également une vitrine où se croisent engagement social et réflexions personnelles. Parce que «juste chanter, ça pourrait devenir vide. Au bout d’un certain temps, on peut avoir besoin d’un ancrage plus profond dans la société», dit-il en entrevue en soulignant l’importance que revêt pour lui son implication avec les Jeunes Musiciens du Monde (JMM). Enregistrement dans l’école de Kalkeri en Inde et collaboration sur scène avec les jeunes d’ici sont autant de manières de s’engager dans le monde réel, dans le concret, plutôt que d’amasser des fonds sans avoir touché à la cause.
«Pour moi, le spectacle est un rituel, une partie de plaisir, une rencontre très nourrissante avec le public. C’est aussi un vertige de ne jamais savoir d’avance comment ça va se passer», explique-t-il. Partager la scène et s’y donner, ça a donc certainement quelque chose d’un acte de générosité, risqué, mais important. Yann affirme qu’avec les musiciens qui l’accompagnent, il s’efforce que le tout forme une grande famille, par laquelle il vit et fait vivre des moments de légèreté autant que des instants plus touchants, plus profonds. Le public peut-il s’en sortir indemne? En tout cas, au Grand Théâtre, les spectateurs se sont bien vite levés de leurs sièges pour se dandiner un coup.
Dans un futur proche, Yann accorde certainement sa priorité à la musique, sans refuser quelques projets d’envergure: mise en scène du spectacle de Queen K et collaboration avec Dave St-Pierre pour le vidéoclip «Le bruit des bottes». Un séjour de deux semaines l’attend également, au Brésil cette fois, où il jouera aux côtés d’autres artistes francophones. Il attend en outre la prochaine édition de JMM.
Final Flash, les «colocs de local de pratique» de Yann Perreau, cultivent pour leur part un son typiquement rock. Bien ancré dans les années 60-70, le quintette offre des mélodies et une énergie cathartiques. Ils se disent heureux d’avoir pu jouer en première partie de Yann tout au long de cette tournée.