Courtoisie, Alliance Films

Mars et Avril, la poésie de l’avenir

Courtoisie, Alliance Films

Inspiré par ses deux romans graphiques, Martin Villeneuve réalise un film futuriste à l’esthétisme remarquable. Mars et Avril est une oeuvre de science-fiction nourrie de poésie et de musique aux accents purement québécois.

Raphaël Létourneau

Dans ce Montréal futuriste, la technologie a fait un bond énorme depuis notre époque. Les moyens de transport ont maintenant atteint une vitesse aujourd’hui impensable, laissant même place aux téléporteurs. Ces clichés technologiques ne sont pourtant pas le centre d’attention ici. Le récit est plutôt mené par l’art, la poésie, la musique et l’amour.

On suit la relation qu’entretiennent la jeune photographe Avril (Caroline Dhavernas) et le vieux musicien Jakob Obus (Jacques Languirand). Musicien de jazz planant, sa grande notoriété s’appuie aussi sur son statut inaccessible et son attitude intrigante, surtout pour la gent féminine. Il joue de divers instruments très originaux conçus par le jeune Arthur. (Paul Ahmarani). Ce dernier s’inspire de modèles féminins dont les courbes représentent les sonorités et la forme de chaque instrument. Arthur sera la source de discorde puisqu’il manipulera les deux amants pour former la troisième pointe d’un triangle amoureux.

En compagnie de Jakob, Avril trouve littéralement son souffle pour vivre, alors qu’il apprend à découvrir l’amour en fin de vie. Le message est simple, même dans cet univers du futur l’amour demeure la voie de l’accomplissement de la vie humaine. Parallèlement à cette romance, trois cosmonautes deviennent les premiers à mettre le pied sur Mars, une réalisation qui ne semble pas vraiment épater les personnages. «On a même pas encore découvert la terre», s’écrira même Jakob Obus, montrant le peu d’intérêt ressenti face à ce progrès. C’est plutôt l’aspiration au bonheur non superficiel qui obsède Jakob Obus. Un grand périple à travers son subconscient lui permettra de trouver cette voie.

Le défi était de taille ; créer une production cinématographique 100% québécoise. On ne peut que saluer l’audace et avouer que la qualité est au rendez-vous. L’esthétisme de l’oeuvre est à souligner. Un travail d’infographie minutieux permet de comprendre et de s’émouvoir devant ce futur imaginé par le réalisateur Martin Villeneuve.

Malgré son lot de beautés et de surprises, ce film comporte tout de même certains points faibles qui peuvent révulser les cinéphiles les plus exigeants. Les dialogues manquent souvent de profondeur. Des idées intéressantes sont mal approfondies et les échanges qu’entretiennent les personnages laissent parfois un sentiment de vide. Avant le dernier tiers, le scénario contient certaines longueurs et quelques moments creux qui rendent impossible la louange totale de cette oeuvre.

L’accueil ne sera certainement pas unanime, mais Mars et Avril est une preuve tangible que le cinéma de science-fiction existe bel et bien au Québec et qu’il peut se démarquer.

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