Le Festival international d’arts multidisciplinaires et électroniques, plus communément nommé Mois Multi, débute officiellement cette semaine. Présentée du 2 au 25 février prochain dans une quinzaine de lieux éparpillés dans le centre-ville de Québec, sa 19e édition verra la participation de plus de 50 artistes en provenance de huit pays, venus présenter des créations répondant à la thématique du réenchantement du monde.
La thématique de l’édition actuelle reprend une réflexion sur notre époque amorcée il y a deux ans et approfondie depuis. La fin d’une trilogie, en quelque sorte. « Les œuvres choisies cette année font écho de manière sensible et poétique aux mutations qui agitent notre monde, à nos rapports à celui-ci qui s’altère, a annoncé la commissaire du Mois Multi, Ariane Plante, en introduction au dévoilement. Elles interrogent notre manière d’occuper les espaces, le temps et les territoires, notre relation à la nature, notre place dans l’univers, tout ça en mettant certains de nos écueils en lumière. »
Cette réflexion, sur un monde changeant fait d’autant d’enthousiasmes ponctuels que de cynisme, a nourri la commissaire dans son travail de programmatrice. « J’avais envie de créer un contre-poids à la charge qu’on ressent face à ces bouleversements. J’avais envie d’offrir au public de la candeur, de la beauté, de la poésie : d’aborder l’art et sonder sa véritable capacité à changer le monde. »
Les œuvres qui seront présentées mettent à contribution de nombreux médias; ainsi pourra-t-on aller à la rencontre d’œuvres sonores, visuelles, robotiques, cinétiques, radiophoniques et musicales. Le recours à diverses technologies dans la pratique des artistes de la programmation 2018 recoupe un autre élément névralgique des considérations d’Ariane Plante. « À l’époque de leur avènement, on y voyait une panacée, les prouesses qu’elles rendaient possibles annonçaient une forme de réenchantement du monde. L’explosion de ces moyens presque magiques, croyait-on, rendrait notre vie meilleure et permettrait le dépassement des pratiques artistiques. » Face au présent désenchantement concernant son potentiel, la question se pose: la technologie a-t-elle tenu ses promesses?
La musique électronique s’invite aux festivités
Dans l’esprit de changement guidant l’élaboration de la présente programmation, un nouvel intervenant a été appelé à collaborer : le producteur et DJ de Québec Michel Plamondon. Ce dernier proposera des performances axées sur la musique électronique à chacune des trois Soirées indomptées des 2, 3 et 10 février prochain. Ainsi, ce vendredi, les amateurs pourront découvrir l’Italienne Michela Pelusio, venue présenter sa création SpaceTime Helix, suivie par la performance musicale Varieties of Impact de l’Allemand Robert Lippok. Le rendez-vous du lendemain met de l’avant DATANOISE, œuvre des Montréalais Alexis Langevin-Tétrault et Pierre-Luc Lecours, puis Trois pièces avec des titres d’Alexandre Burton et Julien Roy, également originaire de la métropole. La soirée du 10 février verra quant à elle performer Alexandre St-Onge, Pascal Dufaux et Sarah Wendt, le Collectif LAS (Sarah Booth, Léa Ratycz-Légaré et Ariane Voineau) et le duo américain Xeno & Oaklander.
Le bar La Cuisine sera l’hôte des « fins de soirées indomptées », en proposant les artistes en musique électronique de Québec Lichen Chips, Bleupulp, Sapin et Périmètre.
Des performances et expositions en tous genres
Parmi les nombreuses performances proposées au cours du Mois Multi de cette année, notons On entend lire jusqu’au bout… des Français Julien Clauss, Cécile Clozel et Emma Loriaut, une « expérience de lecture radiophonique participative » ou le public est invité à devenir, à tour de rôle, auditeur et lecteur d’un livre entier. Le plongeur, succès critique de l’auteur québécois Stéphane Larue paru en 2016, est l’œuvre sélectionnée pour la présentation du 17 février au Tam Tam Café. Christian Lapointe et Nadia Ross présenteront de leur côté l’œuvre en création P.O.R.N. Portrait of Restless Narcissism, une réflexion sur la pornoculture, le 23 février au Musée de la civilisation.
Sept installations et expositions différentes élirons domicile au Complexe Méduse au cours du mois de février, notamment Samares et La poussée de l’artiste de Québec Camille Bernard-Gravel, Orchestrer la perte / Perpetual Demotion de Simon Laroche et David Szanto, Vibrant Matter de la Belge Els Viaene, l’installation mécanique d’animation Man at Work de Julien Maire et les contributions du Danois Christian Skjødt, AETER et Inclinations.
À l’extérieur du Complexe Méduse, les curieux pourront également admirer le travail de Graeme Patterson, A Suitable Den, à la Galerie des arts visuels de l’Université Laval, et Coral bones/La mer de l’artiste originaire du Sri Lanka Pavitra Wickramasinghe, en résidence à La Chambre Blanche.