Impossible de trouver un billet pour assister au show de Philippe Brach au Théâtre Petit Champlain jeudi dernier. Pour son passage à Québec, la révélation de l’année 2015 de l’ADISQ faisait salle comble.
À huit heures tapante, le Saguenéen s’est avancé théâtralement, masqué sur une scène décorée d’ossements, de crânes et de fourrures, des «carcasses d’animaux morts» et avec, en fond de scène, une immense bannière ornée de têtes d’oiseaux squelettiques. Jeux de lumière, effets sonores, un band de gars qui ont un fun noir et au cœur de tout ça, un Brach en grand prêtre de la musique délirante qui lance ses tubes entre deux grands rires fous.
Il a de la présence l’artiste. Après sa prestation, il explique en entrevue que son but, « c’est d’aller conquérir le monde, le monde dans la salle» et pour ça, il déploie tout un éventail. Pas seulement de la musique ! Il lance blague sur blague, prend les demandes de la foule, nous fait écouter la dernière pub du Dodge Ram, danse, lit des commentaires de son public, etc. Ça connecte, on le sent avec nous et on rit fort.
C’est différent aussi. Impossible de se leurrer, l’artiste est un marginal. Même s’il fait les manchettes, il demeure authentique et son show prend le contre-pied complet d’un prêt-à-mâcher commercial. « Pour moi, c’est pas une question de vivre de ça. Même si je vis pas de ça, je vais continuer à faire ça, j’vas être l’ostie de tannant au bar ».
Enrhumé ? Brach s’enfile de gros morceaux de gingembre en grimaçant. Pas de passe-droit, il faut livrer la marchandise. «Moi, donner un show à 80% de ce qu’on est capable de donner, j’suis en tabarnak après, ça se passe pas». Et ça repart, Crystel, Race-rape avec un rap qui met la foule en liesse, Né pour être sauvage avec un jam flamboyant, Bonne journée a cappella et j’en passe. On termine la soirée avec un rappel bien incarné où le band déchaîne toute sa puissance de son.
Évidemment, il y a des bémols. C’est le cinquième show de la tournée et les chansons ne sont pas toutes rodées. On remarque parfois des erreurs mineures et des décrochages. On les pardonne facilement et on en rit avec lui. Brach en est peut-être à son deuxième album, mais le succès qui le touche n’est pas un hasard et au détour de ses meilleures tunes perce un talent exceptionnel.