Pour une Carmen ressuscitée

Dans le cadre du Festival d’Opéra de Québec, le Périscope accueille la production Épitaphe pour Carmen et son assassin, une fantaisie lyrique de France Ducasse. Inspirée de l’opéra de Georges Bizet, la pièce mêle savamment chant et théâtre pour faire revivre sous nos yeux deux personnages mythiques.

Par Camille Sainson, journaliste multiplateforme

Texte : France Ducasse | Distribution : Marie Ginette Guav, Rose Naggar-Tremblay, Marie-Hélène Greffard | Mise en scène : Jean-Sébastien Ouellette | Scénographie : Jeanne Huguenin | Costumes : Émily Wahlman

 

La Re Mi Fa

L’amour est enfant de bohème

Il n’a jamais, jamais, connu de loi

Si tu ne m’aimes pas, je t’aime

Et si je t’aime, prends garde à toi

La Fa Mi Re

© Jessica Latouche

Vous aussi vous avez en tête l’air de L’amour est un oiseau rebelle ? Difficile de ne pas le reconnaître, même sans l’avoir vu, tant il est connu. La pièce de France Ducasse nous replonge à la toute fin du drame, au moment où l’assassin de Carmen est condamné à mort. Et c’est sa mère que décide de mettre en avant l’autrice, qui explique : « étant donné que son personnage est à peine esquissé dans la nouvelle de Mérimée et dans l’opéra de Georges Bizet, j’ai donc profité de cet « oubli » pour laisser libre cours à mon imagination. Pour donner de la voix à cette femme tourmentée qui s’est tue trop longtemps ». Place aux femmes donc, entre une mère éplorée qui n’a jusqu’alors vécu que pour son fils, et le fantôme de Carmen que l’on a souvent blâmé et qui pourtant, ne rêvait que de liberté.

Le décor minimaliste est très poétique, on se projette facilement dans cette petite pièce qui tente de rattraper un passé qui ne cherche qu’à s’enfuir. Les jeux de lumière sont eux aussi très bien pensés pour créer cette atmosphère si particulière entre le songe et la réalité. En bref, la mise en scène diffuse un doux parfum mélancolique qui nous transporte le temps d’une heure là où le temps s’est arrêté. Seul petit bémol, les costumes de Carmen ne mettent pas en valeur la chanteuse qui est pourtant magnifique.

On en profite également pour souligner le talent de la pianiste, Marie-Hélène Greffard qui a su nous transmettre la même énergie que si nous avions fait face à tout un orchestre. Le jeu de Marie Ginette Guav (la mère) est poignant, celui de Rose Naggar-Tremblay, qui a déjà interprété Carmen à l’opéra de Sofia, est juste et puissant. L’avantage d’une petite scène comme celle du Périscope est de rendre le spectacle plus intimiste, les actrices sont juste devant nous, nous sommes dans cette maison avec elles, nos deux mondes se mélangent.

© Jessica Latouche

On ne peut que vous encourager à aller admirer cette pièce lors de ses prochaines représentations (1er et 3 août), pour assister à la résurrection de Carmen, à la vie d’une mère sans enfant, à la réconciliation de deux destins qui ne sont finalement pas si différents.

La Re Mi Fa

L’amour est enfant de bohème

Il n’a jamais, jamais, connu de loi

Si tu ne m’aimes pas, je t’aime

Et si je t’aime, prends garde à toi

La Fa Mi Re

Consulter le magazine