Il y a des pièces qui divertissent, d’autres qui marquent. Les Açores, présentée au Théâtre Périscope jusqu’au 1er novembre, fait partie de la seconde catégorie. Elle remue et laisse une impression forte. Une seule comédienne sur scène, mais une intensité qui emplit tout l’espace.
Par Marie-Rose Dupuis, journaliste collaboratrice
La mise en scène est signée par Loraine Côté et la production par la compagnie La Trâlée. Cette œuvre est interprétée avec intensité par la comédienne Amélie Laprise. Elle nous présente l’univers de Mélodie, une jeune femme de 28 ans en quête de sens, de repères, et surtout d’elle-même. Le décor, une église moderne avec autel et vitraux, devient le théâtre de ses confessions. Mélodie entre, s’approche d’un livre qu’on croit être une bible, mais c’est un dictionnaire : sa propre bible. Cette entrée donne le ton : ici, les mots sont sacrés pour raconter une histoire personnelle.
L’histoire de Mélodie
Le récit traverse les générations : depuis ses grands-parents marqués par la Grande Noirceur, à son père colérique et sa mère trop silencieuse, jusqu’à Mélodie, qui tente de se reconstruire loin de ce passé. Montréal, Paris, New York, les Açores, chaque lieu reflète sa tentative d’échappatoire. Elle boit, aime, fuit, cherche. Elle passe de l’extase à la déprime. Sa relation avec Jean-Sébastien, un acteur français marié, est passionnée et confuse. Puis vient Fred, l’ami avec qui elle s’engage presque par défaut. L’alcool suit les excès, et malgré la thérapie, la chute arrive. Mélodie est internée brièvement. Le diagnostic : trouble de la personnalité limite.
L’interprétation
Ce qui rend Les Açores si saisissant, c’est la performance d’Amélie Laprise. Seule sur scène, elle incarne Mélodie avec une telle intensité qu’elle capte toute l’attention. Cela permet de garder le regard fixé sur son récit. Elle représente Jean-Sébastien avec un veston vide. Elle joue même son chat, avec une touche d’humour. Sa colère, sa détresse, sa fragilité, tout sonne juste.
Le décor est minimaliste, mais d’une richesse symbolique. Les vitraux d’église se transforment en hublots d’avion, en paysages du Québec, de Paris, de New York. L’autel devient bar, ville, chambre. Le jeu de lumière crée des ambiances mouvantes, en parfaite harmonie avec les émotions du personnage. La musique, jouée en direct par Marjorie Fiset, complimente les scènes avec finesse.

Une quête de soi poignante
Ce qui m’a le plus touchée, c’est la manière dont la pièce aborde la quête identitaire. Mélodie se cherche loin de sa famille : dans ses voyages, dans ses relations, et dans l’alcool. Elle veut fuir, mais elle revient toujours à elle-même. Et ce retour, bien que douloureux, est porteur d’espoir vers la fin. Elle renonce à partir pour les Açores. La fuite est terminée et on sent pour Mélodie l’émergence d’un apaisement.