Démocratisation de l’opéra : Rajeunir les classiques

Bien qu’il soit de plus en plus facile de s’initier à l’opéra, comme à la musique classique en général, il semble que les étudiants soient quelque peu rétifs à ces formes d’arts. 

L’opéra, le ballet et la musique classique, des arts vieillots difficiles d’accès ? Le préjugé voulant que ces formes artistiques soient réservées à une élite a la vie dure. « Ce sont des arts qui sont méconnus, affirme Robin Plamondon, directeur général du cinéma Le Clap, à Québec. Dans notre mentalité nord-américaine, ce sont des arts qu’on considère comme moins accessibles. […] On a un travail à faire pour le[s] démocratiser. »

Démocratiser l’opéra

Les initiatives pour rendre l’art lyrique plus accessible se sont multipliées de chaque côté de l’Atlantique. Dans plusieurs Cinéplex Odéon d’à travers le monde, le public peut choisir entre le National Theatre de Londres où la Medée d’Euripide été présentée en ouverture de saison, la Danse Series qui permet au spectateur de voir quelques-unes des productions des plus grandes compagnies de ballet au monde et les opéras du Met de New York. Quant au Clap, il diffuse cette année sa seconde saison complète des productions de l’Opéra National de Paris.

À ces initiatives culturelles s’ajoutent les projets locaux mettant les arts de la scène en valeur. C’est le cas du Festival d’Opéra de Québec dont la mission « est de montrer tout ce qu’on peut faire à l’opéra au plus de gens possibles », selon Grégoire Legendre, directeur général et artistique de l’Opéra de Québec.

Et les étudiants dans tout ça ?

Il existe plusieurs incitatifs pour encourager les étudiants à découvrir la musique classique et l’opéra, à commencer par des prix revus à la baisse. À l’Orchestre Symphonique de Québec (OSQ), la série de concerts Coup de foudre Hydro-Québec (Louis-Jean Cormier, Patrick Watson) se conjugue au Passeport Jeunesse pour rendre la programmation plus alléchante aux étudiants. À l’Opéra de Québec, quelques centaines de billets sont mis en vente à un prix réduit (29 $) pour les étudiants collégiaux et universitaires. Si ces billets trouvent toujours preneurs, il semble que les intéressés soient majoritairement des étudiants en musique, souligne M. Legendre.

Au Clap, la diffusion d’opéras et de ballets de l’Opéra National de Paris atteint peu les étudiants, affirme M. Plamondon. Seules deux représentations en après-midi sont prévues par œuvre et aucun prix étudiant n’est offert. Néanmoins, le directeur général du cinéma de la Pyramide annonce que le cinéma misera sur le développement de ce public cet automne. En plus de publiciser la série sur les réseaux sociaux, « les bandes annonces d’opéra vont être beaucoup plus présentes avant chaque représentation de film », annonce-t-il. Le choix des œuvres présentées fera également partie de l’équation, ajoute le directeur général : « Certaines sont plus faciles que d’autres. C’est avec ces opéras-là qu’on va gagner une clientèle plus jeune, leur développer les oreilles pour d’autres types d’opéras par la suite. » Toutefois, les horaires des projection resteront les mêmes pour le moment, le temps de « stabiliser la première série d’opéras et [de] fidéliser un public de base », nuance M. Plamondon.

À qui le blâme ?

Comment expliquer la méconnaissance de l’art lyrique et de la musique classique chez les étudiants ? Sur le plan culturel, « les gens sont sollicités beaucoup plus largement qu’avant », affirme M. Legendre. « Pour la musique, les jeunes sont exposés à beaucoup de choses alors ils ont beaucoup plus de choix ». Il devient alors ardu pour les Giuseppe Verdi et les Richard Wagner de ce monde de rivaliser avec des Lisa Leblanc et des Alex Nevsky. « Si les jeunes ne viennent pas à un concert, ce n’est pas seulement parce qu’ils ne connaissent pas le produit, c’est aussi parce que l’offre culturelle, notamment à Québec, est immense ! », renchérit Thérèse Boutin, présidente-directrice générale de l’OSQ.

L’offre culturelle ne porte pas le blâme à elle seule. Le système d’éducation actuel ne fait pas une grande place à la musique, encore moins au répertoire classique. « La difficulté à laquelle nous faisons face est l’absence de formation et d’initiation à la musique dans les programmes d’enseignement à l’extérieur des écoles qui se spécialisent en musique », affirme Mme Boutin. Il est donc logique que les élèves du primaire et du secondaire, comme les étudiants postsecondaires, méconnaissent ces registres musicaux. D’où la pertinence de multiplier les initiatives pour rendre ces formes d’art plus accessibles.

Auteur / autrice

  • Kim Chabot

    Journaliste culturelle dans l’âme et historienne de formation, Kim est passionnée par la littérature, les arts visuels et le théâtre. Elle aime découvrir de tout, des grands classiques aux projets artistiques de la relève. Pour elle, les scènes de l’Université Laval et de la Ville de Québec sont des gros terrains de jeux aux possibilités infinies. Elle nourrit aussi un grand amour pour la langue française, au grand dam de ceux qu’elle reprend inlassablement pour des « si j’aurais ».

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