Après deux ans d’absence, le Festival d’été de Québec est de retour. Certain.e.s diront « enfin », d’autres diront « déjà », mais quoi qu’il en soit, la Haute-Ville de Québec se remplit tous les soirs de dizaines de milliers de festivalier.ères depuis déjà presque une semaine et Impact Campus est là pour en rendre compte. Premier article d’une série de trois.
Par Emmy Lapointe, rédactrice en chef et Gabriel Tremblay, directeur général
Vendredi, 8 juillet – Lydia Képinski – Hydro-Québec
Même triptyque qu’à Sainte-Thérèse : Lydia, Choses sauvages, Hubert Lenoir. J’avoue que je pense que ça me gosse. Ce n’est pas tant la répétition des artistes que la répétition de leur ordre. I get it, Hubert Lenoir, l’enfant maudit, en dernier, mais inverser Choses Sauvages et Lydia Képinski, ça aurait pu être nice, parce qu’on va se le dire, se faire donner le show de 18h, c’est un peu un hate crime.
Difficile aussi de ne pas comparer sa performance à celles quasi-parfaites de Santa Teresa et de La Noce. Et force est d’admettre que c’était sa plus faible des trois. Le son n’était pas super bien balancé, on n’entendait très peu les paroles en comparaison avec la musique. Puis, même si le concert se passait bien avant le golden hour, je pense qu’il y avait moyen d’avoir un éclairage plus créatif, d’avoir un éclairage qu’on voit au moins. Côté performance vocale, c’était quand même souvent à côté (ou plutôt en-dessous) de la note, ce qu’on lui pardonne facilement quand on voit la longue setlist en une petite heure de performance et ses danses incessantes.
Malgré tout Lydia Képinski s’est bien débrouillée avec une foule toujours en train d’arriver; elle est insaisissable, indocile et à mon avis, c’est elle l’enfant maudit.
Samedi, 9 juillet – P’tit Belliveau – Hydro-Québec
La fierté de Baie Sainte-Marie (Nouvelle-Écosse) grimpe sur les planches en deuxième, succédant au chanteur de charme, Gab Paquet. Tout aussi charismatique, la gang au P’tit Belliveau débarque sur la Scène Hydro-Québec telle une équipe de flag-football ironique.
Le quintet acadien y va d’un set assez atypique, alliant les compositions de Greatest Hits Vol.1, d’Un homme et son piano, avec les jams trad-rock instrumentaux et même une reprise de Last Resort de Papa Roach. Personnellement, je suis plus que comblé lorsque les premières notes de J’feel comme un alien sont jouées.
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C’est une des rares pièces de sa discographie où la
cassure mélodique est aussi marquante et poignante.
Outre les nouvelles compositions, le solo de violon sorti de nulle part est aussi très rafraîchissant. À refaire quoi !
Finalement, La foule scande Income Tax au rappel, et aura droit, à son retour d’impôt fort en vers d’oreille.
Samedi, 9 juillet – Lisa Leblanc – Hydro-Québec
Peu de gens quittent la Fontaine de Tourny entre les deux prestations, comme quoi, l’alignement des maritimes est un franc succès. Près de 10 000 personnes s’empilent devant la scène afin de contempler la monarque du Chiac Disco, Lisa Leblanc ! La néo-brunswickoise est dans une forme resplendissante, malgré sa nuit précédente «fucktop» passée à l’Hôtel-Dieu. En formule band qui décape le plancher jusqu’à Rosaireville, on se gavera les tympans de son nouveau stock aux teintes électro-disco. Gossip est une de celle-là, un hymne aux discussions entendues au Tim Hortons de sa ville natale.
Du Kraft Dinner jusqu’au Lobster Roll, en passant par la poutine râpée du Menu Acadien, ce spectacle-là comblera les foodies musicaux en tout genre. Pour ma part, j’attendais particulièrement ses pièces anglo au banjo comme You like trouble (But I guess I do too). D’ailleurs, c’était probablement une des plus saillante de sa performance. À l’image de P’tit Belliveau, elle se payera la traite avec un cover improbable, celui de Ace of spades de Motörhead.
Constat : Ce fut une soirée ô combien trippante pour les festivalières et festivaliers qui avaient, visiblement, le goût d’une escapade acadienne à petit prix.
Dimanche, 10 juillet – Émile Bilodeau – Parc de la francophonie
Not gonna lie, j’allais juste voir le spectacle d’Ariane Moffatt à 21h15, mais j’ai fini de me préparer plus tôt et je me suis dit « tiens, je vais partir tout de suite, comme ça je vais peut-être m’éviter de croiser les gens qui vont à $uicideboys$. » Il était 20h30 quand je suis arrivée au Parc de la francophonie et en faisant scanner mon accès, j’ai entendu Émile Bilodeau crier dans son micro « que j’en vois pas un sortir au Dagobert ce soir. » en référence à un événement homophobe qui se serait produit samedi soir. C’était juste avant d’entonner Freddie Mercury, chanson sur l’inclusion.
Quelques minutes plus tard, le petit prince de Cégeps en spectacle réitérait son appui pour la protection du droit à l’avortement. Puis, un peu avant la fin de son concert, il a invité Sol Zanetti à lire un texte (un poème genre). Sol a terminé son texte avec « Le Québec redonnera ses terres à ses peuples. Ça ne pourra pas toujours ne pas arriver.
[…] Vive le Québec libre. », des drapeaux du Québec portés par des bras et des mains d’au plus 20 ans, une foule compacte; si 1995 et 2022 niquaient, ça ferait ce genre de scène.
Après ça, qu’on aime ou non sa musique certes parfois un peu juvénile, c’est indéniable, Émile Bilodeau rêve grand et semble faire rêver tout aussi grand.
Dimanche, 10 juillet – Ariane Moffatt – Parc de la francophonie
À contre-courant de sa tournée solo Incarnat, Ariane Moffatt avait annoncé en matinée le 8, sur sa page Facebook, que le « Supergroupe de l’Amitié » – groupe composé de Joseph Marchand, Jean-Phi Goncalves, Alex McMahon et Marie-Pierre Arthur – était gonflé et qu’il nous fallait préparer nos « dancing shoes ». Tout laissait présager une setlist de hits, et c’est ce qu’on a eu.
Si Émile Bilodeau avait préparé la foule, en rentrant sur Je veux tout, le Supergroupe de l’amitié s’est assuré un peu plus de l’adhésion du public. Après ça, on a eu entre autres le droit à Point de mire et Fracture du crâne, chansons reprises par Ariane Roy, Thierry Larose, Calamine et le P’tit Béliveau sur Aquanaute 2022.
Puis, l’ambiance a changé de teinte quand on a compris que c’était au tour de Poussière d’ange d’être chantée doucement par Ariane (et la foule). Sur les écrans géants, on a vu apparaître plusieurs visages ruisselants de larmes. « Quand j’ai écrit ça il y a 20 ans, je ne pensais jamais que ça prendrait cette tournure-là 20 ans plus tard. » Nous non plus Ariane, nous non plus.
Après, il a fallu redevenir festif, le Supergroupe a donc interprété Rien à faire de Marie-Pierre Arthur, un moment presque cathartique qui n’a pu être égalé que par le trio Réverbère dont le remix était DINGUE, Sunshine dédiée à Karim et Miami, chanson réclamée par la foule.
Ariane Moffatt et le reste du Supergroupe de l’amitié ont conclu la soirée avec Montréal et Ensemble, sensibles alors qu’une vingtaine d’enfants sont montés sur scène.
Ariane était crazy, le groupe au complet aussi. La reine de la pop au Québec, c’est elle, la reine tout court, c’est elle.