Scream VI : il est temps de raccrocher les masques

À peine un an après la sortie de Scream 2022, le sixième opus de la célèbre franchise (retenez ce mot, il est important) horrifico-satirique pointe le bout de son nez, cette fois pour installer son intrigue au cœur de New York, une première en six films. Mon constat est le même que celui de l’année dernière : il est grand temps de fermer boutique – et, par pitié, pour de bon.

Par William Pépin, journaliste multimédia

Genre : Horreur | Réalisation : Matt Bettinelli-Olpin et Tyler Gillet | Scénario : James Vanderbilt et Guy Busick | Distribution : Courteney Cox, Melissa Barrera, Jenna Ortega, Hayden Panettiere, Mason Gooding, Jasmin Savoy Brown | Durée : 123 minutes

 

Rien de neuf, sauf…

Depuis des mois, la campagne marketing entourant cette énième suite table sur le dépaysement : exit Woodsboro et sa nostalgie et bienvenue à New York, la ville qui ne dort jamais (contrairement à moi devant les scènes d’exposition de ce film, aussi nombreuses qu’ennuyeuses). En plus de ce changement de décor, qui, soyons honnêtes, est plus cosmétique que porteur d’un réel sens, on regrette l’absence de Neve Campbell, qui incarnait Sydney Prescott, la protagoniste des premiers opus et véritable cœur de la saga. L’actrice a en effet refusé de reprendre son rôle, puisque le salaire proposé n’était pas assez élevé. D’ailleurs, on la comprend, sachant qu’elle porte la franchise sur ses épaules depuis presque trente ans. Désormais, la seule actrice qui nous rattache aux premières heures, c’est Courteney Cox. On retrouve également certaines têtes d’affiche du film précédent, dont Melissa Barrera et Jenna Ortega, les nouveaux porte-étendards d’une saga qui a du plomb dans l’aile.

À deux doigts du nanar

Évidemment, tout n’est pas à jeter. Certains passages sont efficaces et tendus, mais ils s’inscrivent dans une constellation de mauvais choix scénaristiques qui les rendent fades et oubliables. Ici, et contrairement aux opus précédents, la mise en scène n’a rien à offrir : on assiste à une succession de scènes sans vraiment s’investir, un peu comme si ce Scream VI était l’épisode un peu moyen d’une série télé déjà pas terrible. Au cours du dernier tiers, certains retournements sont si bancals et certains jeux si caricaturaux que je me suis demandé si je n’assistais pas à la naissance d’un nanar.

L’art de la franchise

Si l’héritage de la saga Scream est encore reconnu à ce jour, c’est en partie grâce à ses personnages attachants, mais aussi grâce à sa portée métatextuelle, que l’on pouvait retrouver d’une suite à l’autre. Ici, le discours méta se limite à inscrire ce sixième opus dans la veine des franchises cinématographiques actuelles, sans pour autant traiter le sujet avec plus de profondeur. Autrement dit, les scénaristes nous font comprendre dans quel héritage mercantile s’inscrit leur film, mais traitent tout au premier degré, sans le moindre clin d’oeil ironique (les franchises n’ont aucune règle, vraiment? Les mauvaises, sans aucun doute). Même le détestable Scream 2022 s’interrogeait sur la mode du elevated horror et des legacy sequels en s’opposant avec humour à ces derniers. Un an plus tard, hélas, il ne reste plus rien.

Sur ce, à l’année prochaine.

© Crédits photo : Paramount Pictures

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