Les Secrets de Dumbledore : la fin de Harry Potter?

Avant d’être le troisième volet de la saga des Animaux Fantastiques, cette nouvelle proposition se présente d’abord comme le onzième volet de l’univers de Harry Potter. Pour preuve : l’affiche du film ne met plus en avant son protagoniste initial Norbert Dragonneau ni les créatures fantastiques, mais plutôt Dumbledore, Poudlard et l’ombre enflammée de Fumseck, le phénix du directeur de l’école des sorciers. Dès lors, le parti initial de cette nouvelle série cinématographique qui consiste à vouloir nous faire voyager aux quatre coins du globe pour que nous découvrions des facettes inconnues jusqu’alors du monde des sorciers semble tomber à l’eau. Pour la première fois en vingt ans, Poudlard n’éveille plus l’imaginaire : c’est désormais le lieu d’un constat d’échec, où, à défaut de proposer du neuf, on mise sur la nostalgie des fans de la première heure pour tenter de sauver les meubles d’une saga morte dans l’œuf. Mon constat est le suivant : je crois que Les Secrets de Dumbledore marque la fin de Harry Potter.

Par William Pépin, chef de pupitre Arts

La valse des controverses

La qualité passable de ce film n’est toutefois pas la seule coupable de cet échec : le renvoi de l’acteur Johnny Depp, interprète de Grindelwald dans les deux précédents films, les récentes arrestations du turbulent Ezra Miller, interprète de Croyance et les propos transphobes de J.K. Rowling sur Twitter ont de quoi miner l’aura de cette nouvelle saga aux fondements incertains. Je crois qu’il y a plus de polémiques entourant Les Secrets de Dumbledore qu’il y a d’intrigues secondaires dans ce film, toutes aussi bancales que superficielles. Mais bon, outre les scandales, essayons justement de juger l’œuvre pour ce qu’elle est.

Les crimes de David Yates

En visionnant la bande-annonce des Secrets de Dumbledore, j’étais surpris de constater qu’enfin, David Yates rendrait à l’écran la magie de manière spectaculaire : de nouveaux sortilèges, des jeux de miroir, des effets visuels jamais vus dans toute la saga… le film s’annonçait prometteur, du moins, visuellement. Hélas, le rendu est médiocre, confus et n’apporte rien à l’histoire. Je pense, entre autres, à une scène de combat où deux sorciers s’affrontent dans un monde coupé du leur, sans doute pour éviter les regards de moldus indiscrets. Cette scène, tombant comme un cheveu gras du professeur Rogue dans une pinte de bièraubeurre, est, quoique visuellement impeccable, plus confuse que pertinente. Mais bon, le cahier des charges devait sans doute exiger une scène d’action de milieu de film, alors pourquoi pas?

Dans un curieux effet de débalancement, toute la magie qu’intègre David Yates dans le déploiement d’un monde des sorciers jusqu’alors jamais vu est une magie qu’il retire à Poudlard. Pour une raison qui m’échappe, et ce, depuis Harry Potter et l’Ordre du Phénix, Yates s’est acharné à retirer toute once de magie de l’école des sorciers. La Grande Salle d’Harry Potter à l’école des sorciers ressemble désormais à la cafétéria du Séminaire des Pères Maristes, tant on s’y sent à l’étroit. C’est froid. Et triste.

Une saga qui tâtonne

Je crois que ce troisième volet n’est ni meilleur ni pire que son prédécesseur (Les Crimes de Grindelwald) : il s’agit en fait d’une redite, avec autant de personnages oubliables, une intrigue aussi confuse débouchant sur un événement politique de moyenne ampleur avec tout un propos sur la montée du fascisme qu’on nous avait déjà servi à la pelle dans Harry Potter, mais, surtout, la confirmation d’une saga qui se cherche à coup de gorgées de polynectar. D’une suite à l’autre, la direction artistique s’affine, mais les histoires se contredisent si elles ne se font pas carrément abandonner en chemin. Toutefois, si vous aimez Harry Potter, il est possible pour vous d’apprécier la proposition. Je vous conseille d’ailleurs d’en profiter, parce qu’avec ses résultats désastreux au box-office, c’est peut-être le dernier film que nous verrons de cet univers au cinéma.

© Crédits photo : Warner Bros

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