Encore une fois, en ce mercredi 11 juillet, le Festival d’été de Québec proposait à l’Impérial une programmation indie alternative aussi intéressante, voire plus, que celles des principaux sites. Parcours d’une soirée où le Canada fut de nouveau à l’honneur.

Soirée canadienne, le retour

Encore une fois, en ce mercredi 11 juillet, le Festival d’été de Québec proposait à l’Impérial une programmation indie alternative aussi intéressante, voire plus, que celles des principaux sites. Parcours d’une soirée où le Canada fut de nouveau à l’honneur.

Cyril Schreiber

C’est la Montréalaise Katie Moore qui a ouvert son bal avec son folk bien tranquille. Entourée de quatre musiciens un peu sur le pilote automatique, sauf l’excellent guitariste Mike O’Brien, Moore a mélangé ses compositions originales avec quelques reprises, notamment de bluegrass. L’ensemble, malheureusement, n’a pas vraiment levé : si le folk de Katie Moore est honnête, il est loin d’être révolutionnaire, et ses « performances » scéniques loin d’être mémorables. Sympathique, mais il manque un petit ingrédient magique qui permettrait de distinguer Katie Moore de ses collègues

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Il y a deux ans, la formation canadienne Great Lake Swimmers était venue au FEQ. En 2012, le quintet revient avec un cinquième et nouvel album sous le bras, New wild everywhere, qui se retrouve sur la longue liste du prix Polaris 2012. Les nageurs des Grands Lacs (!) ont offert une solide prestation d’un peu plus d’une heure, permettant à ceux qui ne les connaîtraient pas encore de découvrir leur folk-pop mélodique à la fois doux et très rythmé, entraînant. Le chanteur Tony Dekker et la violoniste Miranda Mulholland ont volé la vedette, grâce notamment à leurs belles harmonies vocales. Le premier, qui est intervenu le plus possible en français, s’est même tenté à chanter un titre dans la langue de Molière, Les champs de progéniture. Le groupe a reçu un bel accueil mérité de la part du public québécois. Facile, accessible et agréable, la musique de Great Lake Swimmers est faite pour tout le monde et s’écoute bien. Ceux qui ont raté ce spectacle à l’Impérial devront obligatoirement se rabattre sur leur discographie, en espérant un futur passage par Québec du groupe ontarien.

Celui que les spectateurs attendaient le plus, et qui est monté sur la scène de l’Impérial vers 22h30, c’est Dan Mangan. Relativement inconnu du grand public, le Vancouverois est cependant une icône de la scène indie folk canadienne, avec deux Juno, une nomination au Prix Polaris et trois albums depuis 2005.

Après un passage au Cercle en plein hiver il y a quelques années, c’est dans une plus grande salle et devant une foule plus substantielle que Mangan revenait à Québec, lui qu’on a pu voir se balader sur la rue St-Joseph alors que les portes venaient d’ouvrir – certains fans n’ont pas pu résister à l’envie d’aller se faire prendre en photo avec lui. Ils ont aussi pu se reprendre après, puisque Mangan a entretenu à merveille ce lien particulier qu’il possède avec le public de Québec. Et quand on a assisté à sa performance où, à plusieurs moments, les spectateurs ont manifesté leur joie et ont chanté en chœur, on peut véritablement parler de communion.

Attention, cependant, à qui ne connaîtrait pas Dan Mangan : s’il fait officiellement de l’indie folk, les faits sont bien différents. En effet, sa musique, du moins sur scène, est plus rugueuse et ressemble plus à du folk-rock qui déménage, notamment grâce à (ou à cause de) son guitariste assez explosif, tout comme son batteur, lui aussi très démonstratif. Malheureusement, parfois, ce déluge sonore virait en cacophonie plutôt désagréable–manque de synchronisme, surtout, entre les musiciens. À moins que ces dérapages soient volontaires…

Quoiqu’il en soit, le mot-clé de ce spectacle fut intensité : ça sonnait bien et fort. Ce son extrême, quand on ne connaît pas cet artiste, peut être si étonnant qu’il peut gâcher un peu le plaisir. Heureusement, il y avait quelques moments plus calmes – le terme « ballades » est exagéré, mais certains titres sont de belles découvertes – et la voix inimitable de Mangan, à la voix grave et aérienne, pour rehausser le tout.

Au bout de la nuit, après un généreux spectacle, dans un Impérial bouillant et bien rempli (sans être plein, loin de là), Dan Mangan est monté sur une chaise dans la foule pour entamer son ultime rappel, So much for everyone, où le public a chanté avec lui – un grand moment. La fête s’est poursuivie dans le hall d’accueil, où le chanteur canadien s’est encore une fois fait chaudement applaudir, alors que le public reprenait en chœur la pièce Robots. Oui, décidément, chaque personne présente se souviendra longtemps de ce 11 juillet à l’Impérial de Québec.

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