Julie Bouffard, étudiante en arts visuels à l’Université Laval, exploite indirectement le thème de la vision à travers son exposition Vues extérieures, présentée à la Salle d’exposition du pavillon Alphonse-Desjardins jusqu’au 11 octobre.
Anne-Marie Fecteau
Vous êtes vous déjà senti observé ? Où êtes-vous plutôt celui qui se fait surprendre à observer ? Ne sommes-nous pas tous un peu des deux ? Question qui semble plutôt banale, mais qui pourtant nous interpelle tous. D’ailleurs, n’est-il pas dans la nature de l’être humain d’observer ? La vue est un des sens les plus stimulés dans notre société moderne, que ce soit à des fins d’apprentissage, de divertissement ou d’expression créative, elle est sans contredit l’un de nos plus précieux atouts.
Par la présentation d’œuvres photographiques et vidéographiques, cette jeune artiste talentueuse qui détient déjà un baccalauréat en arts visuels et médiatiques a su développer une démarche artistique personnelle qui s’articule autour des concepts temporels de l’image fixe et de l’image en mouvement. Idée très intéressante, puisque ces œuvres nous amènent à prendre conscience de notre position d’observateur et à nous questionner par rapport à celle-ci.
Les deux premières photographies exposées représentent un paysage extérieur aperçu à travers la fenêtre de ce qui semble être une chambre à coucher. Dans cette scène, il y a un rapport intérieur/extérieur qui s’installe entre ces deux univers qui semblent si opposés, mais qui sont, en réalité, si proches l’un de l’autre. Ce qu’on apprécie avant tout, c’est que ces deux photographies exhibent un décor si familier qu’elles réveillent rapidement en nous des émotions en lien avec des souvenirs personnels, comme si nous étions nous-mêmes appuyés dans le cadre de cette fenêtre devant une nature immobile.
Encore sous ce même thème, Julie nous présente deux installations vidéo. Tout comme les images fixes, qui nous restreignaient à une vue particulière, ces images en mouvement sont elles aussi cadrées par une fenêtre artificielle projetée directement sur le mur de la salle d’exposition. Cette fois-ci, l’artiste soumet notre regard à diverses animations qui traversent notre champ de vision de façon incohérente. Sous forme de personnages ou de voitures, ces projections brouillent la temporalité linéaire associée à la vidéo. Les éléments animés apparaissent donc par intervalles en ne traversant qu’une moitié de la fenêtre, avant de disparaître pour ensuite poursuivre leur traversée quelques secondes plus tard. Cette expérience interactive est plus abstraite que la précédente, bien que l’idée de plonger le visiteur dans l’espace réel devant la fenêtre soit vraiment intéressante. On se questionne sur notre tendance à accepter comme une réalité tout ce qui nous est présenté visuellement.
Enfin, le lien entre les images qui défilent dans différentes strates de temps est plus difficile à cerner. Les petits textes qui accompagnent les vidéos auraient pu orienter notre réflexion davantage.
Dans son ensemble, Vues extérieures est une exposition captivante car elle laisse beaucoup de place à l’interprétation tout en présentant une dimension et un sujet simples, connus de tous. Observateurs curieux, allez jeter un coup d’œil vous-même à travers les fenêtres de l’univers créatif de Julie Bouffard. Vous y trouverez sans aucun doute, vous aussi, matière à réflexion, ou du moins, une brèche vers l’évasion.
Quoi : Vues extérieures
Qui : Julie Bouffard
Quand : jusqu’au 11 octobre
Où : Salle d’exposition du pavillon Alphonse-Desjardins