Photo : Alice Beaubien

S’unir pour l’amour du théâtre

Les amateurs de théâtre de l’Université Laval n’ont maintenant plus à retenir leur souffle, car Les Treize ont enfin dévoilé la programmation de leur nouvelle saison vendredi dernier au Café Fou AELIÉS. En plus de présenter deux pièces au cours de l’hiver, la troupe historique allie ses forces avec celles de deux autres troupes, Côté Cour de la Faculté de droit, ainsi que Les Corps étrangers de la Faculté de médecine, qui offriront une production chacune au public. 

Au cours de la courte présentation au fond du café bondé, des organisateurs et artisans des trois troupes se sont succédés au micro pour offrir aux curieux un avant-goût des pièces à venir. La saison des Treize s’ouvrira au Théâtre de poche du 21 au 25 février avec une mise en scène de Zone, œuvre de jeunesse du dramaturge québécois Marcel Dubé produite pour la première fois en 1953. « Alliant le caractère tragique des drames antiques et la grille d’analyse marxiste qui commençait à poindre dans les années 50, [l’auteur] nous lègue avec cet ouvrage une pièce qui a tout pour susciter notre fierté en notre théâtre et notre littérature au même titre que Michel Tremblay ou un Tennessee Williams », apprenait-on lors du lancement.  

Leur deuxième production de l’hiver 2018 sera Mentor un jour, mentor toujours des auteurs Bruno Lacroix et François Scharre, respectivement d’origines québécoise et française, présentée du 4 au 7 avril prochain, dans l’amphithéâtre de l’Auberge Internationale de Québec. Tout juste auparavant, les 25 et 26 mars prochain, la troupe Côté Cour de la Faculté de droit offriront au Théâtre de poche l’adaptation du classique jeunesse La Guerre des tuques imaginée par le comédien et dramaturge Fabien Cloutier. Les Corps étrangers monteront quant à eux sur la même scène du 10 au 13 avril pour interpréter Huit femmes de Robert Thomas, dans une mise en scène de Joëlle Bourdon.  

Réunies autour d’une passion commune 

À l’origine de cette mise en commun de la programmation de la troupe historique Les Treize et celles des deux troupes facultaires, une mise en contact orchestrée par le conseiller à la vie étudiante du BVE Ricardo Codina au cours de la session dernière. Alors en préparation pour leur saison respective et en quête de financement, les trois organisations ont décidé de s’unir dans un partage de matériel, de visibilité, mais également d’une passion, le théâtre. « Il y avait plusieurs objectifs, mais entre autres, celle de mettre en commun nos ressources, affirme la présidente des Treize, Maude Rodrigue. Nous, on dispose d’un costumier, ce qui est intéressant, on pensait pouvoir le mettre à la disposition des deux autres troupes. Pourquoi ne pas se serrer les coudes, unir nos forces? On vise la même chose, alors pourquoi pas? C’est dans l’intérêt de tout le monde. » 

« Au final, cela fait juste en sorte que l’offre culturelle est plus grande sur le campus, selon la présidente de la troupe Les Corps étrangers, Pascale Laveault-Allard. C’est bon pour nous, pour eux, pour tous ceux qui vont venir nous voir. » Les étudiants de l’Université Laval, mais aussi les amateurs de théâtre de Québec, se verront proposer à travers cette association une plus grande palette de genres théâtraux, du drame à la comédie, des classiques aux pièces plus émergentes. Cette nouvelle saison sera de plus une belle manière de rejoindre un public à plus grande échelle, aux dires de la comédienne. « Par les années passées, on ne faisait même pas de publicité hors médecine, c’était une troupe qui était faite par les étudiants de médecine pour les étudiants de médecine. Plus on attire de public et plus le public y trouve son compte, peu importe ses préférences. » 

Même son de cloche du côté de Simon Barrette, président et comédien au sein de la troupe Côté Cour, qui voit dans cette mise en commun un partage créatif qui ne peut que rejaillir positivement sur le théâtre. « Je pense que cette collaboration vise à améliorer, à augmenter l’engouement pour le théâtre sur le campus, lance l’étudiant en droit. De venir s’allier tout le monde ensemble, ça va vraiment donner ça. On est tous ensemble parce qu’il y a quelque chose qui nous intéresse et c’est le théâtre. Ce théâtre-là, on a envie de le montrer aux gens, on n’a pas envie que ça reste en silo. On est là pour s’entraider et avoir du plaisir tous ensemble aussi. » 

Tourner la page sur une période plus difficile 

Même si ce lancement de programmation des Treize prend des allures de retour pour plusieurs étudiants intéressés par la scène culturelle locale, la troupe n’était pas en dormance pour autant. L’annulation d’une pièce à l’hiver 2016 attribuable à des problèmes de droits d’auteur ainsi que des productions de plus en plus espacées dans le temps faisaient craindre le pire à bien des observateurs, incluant en ces pages.  

Pier-Hugues Madore, le responsable des communications de la troupe, affirme d’entrée de jeu qu’une décision prise il y a quelques années limitant la participation aux seuls étudiants de l’Université avait nuit à son renouvellement en brisant le lien avec une certaine tradition. « C’est le lot de n’importe quel comité étudiant de reposer sur des piliers, puis de vivre un creux, on n’est pas les seuls, nuance Maude Rodrigue. C’est sûr que c’est déjà arrivé dans l’histoire des Treize, au cours des 70 ans. » Alors que la troupe a l’habitude de commencer à travailler sur sa programmation dès le printemps précédent sa présentation, « le tout a été fait de manière accélérée et décalée » pour la saison 2017-2018, selon Madore. 

« C’était un défi de trouver nos repères, de déterminer par quoi commencer, abonde la présidente Rodrigue. On avait un appel de projets à organiser, un lancement aussi, éventuellement. Une sélection de projet à faire. » Le temps de restructurer leurs opérations, l’équipe des Treize n’a toutefois pas chômé, le travail en coulisse se joignant à un désir de rencontre avec le public. « On a été plus présents en personne, explique Louisanne G. Nolet, graphiste de la troupe. On n’a pas monté de pièce, mais on est sorti de notre local. Juste au kiosque au début de la session, il y a beaucoup de gens qui sont venus nous voir, des gens anciennement impliqués dans les Treize qui nous ont donné des trucs. Il y avait un engouement réel pour le théâtre. »

Les Treize cherchent toujours à pourvoir des postes au sein de leur conseil d’administration. Pour plus de détails, les intéressés sont invités à visiter la page Facebook de la troupe.

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