Entouré d’une toute nouvelle équipe, Vincent Vallières présente au public québécois son septième album en carrière Le temps des vivants, dans lequel il se risque à explorer de nouvelles sonorités. Un vent de fraicheur qui ne devrait pas déplaire aux fans de l’auteur-compositeur-interprète, qui soutient tout de même qu’il était important pour lui de rester près de ses racines.
À la même période de l’année, en 1999, Vincent Vallières se dévoilait au Québec avec son tout premier disque Trente arpents. Nous voilà, 18 ans plus tard, et l’auteur-compositeur-interprète dit se sentir tout aussi fébrile à l’idée de présenter son plus récent album.
Un projet très personnel pour le Magogois qui travaillait pour la toute première fois sans son complice, Michel-Olivier Gasse, avec qui il joue depuis de nombreuses années. Vingt pour être plus précis. Un chiffre qui surprend encore Vallières, pour qui les dernières années ont semblé passer si vite.
C’est effectivement une page d’histoire qui s’est tournée à la fin de l’été 2015. L’auteur-compositeur-interprète, qui a ressenti le besoin de prendre une pause pour écrire, a dû laisser partir deux des musiciens qui sont avec lui depuis le début de l’aventure.
Entre temps, ceux-ci se sont trouvés de nouveaux projets. Gasse partage maintenant la scène avec Chantal Archambault, avec qui il forme un duo folk, Saratoga. Quant à Simon Bouin (le batteur), il est présentement en tournée internationale avec Véronic Dicaire.
Une séparation qui n’a pas été toujours facile pour l’artiste québécois, qui, dans le processus de création, s’est souvent remis en question. « C’est très intime le rapport avec la musique. La confiance en soi, en ce qu’on fait. Le fait qu’on aime la chanson ou pas. Quand quelque chose finit, il y a des deuils à faire et ça en fait partie », explique-t-il.
Aller ailleurs
Vincent Vallières a toutefois sauté sur l’opportunité d’explorer de nouvelles sonorités avec son mentor, Philippe B. « À chaque album, tu as comme un désir de faire quelque chose de différent, soutient-il. Tu cherches comment tu peux te surprendre. »
Toutefois, il était primordial pour lui de ne pas trop s’éloigner de ce qu’il fait depuis ses débuts, puisqu’au-delà du changement, son objectif est « surtout de faire des bonnes chansons, des chansons qui me parlent et qui parlent aux gens éventuellement ».
L’évolution, il la note plutôt dans les actions que posent les personnages de ses chansons. « Ils trouvent peut-être moins de réponses dans la fuite, ajoute-t-il. Ils sont moins au début de leur vingtaine, mais plus loin dans leur vie. »
Poursuivre sa route
« À chaque disque, c’est la même histoire qui recommence, raconte Vallières. Tu te croises les doigts et tu te dis : « J’espère que les gens vont être au rendez-vous. » Tu espères que ça entre en synchronisité avec ce qu’ils vivent. Jusqu’à quel point tu restes pertinent, ce n’est pas à toi à choisir. Tu n’y peux rien. »
Il s’en résout donc à ce qu’il peut contrôler, c’est-à-dire l’écriture. Bien que On va s’aimer encore lui a ouvert bien des portes, le Magogois soutient qu’il ne pense pas à son succès lorsque vient le temps de se remettre à l’écriture.
« Il faut que le geste reste humble. Il ne faut pas s’asseoir et se dire qu’on va écrire un succès », lance-t-il.
Témoin d’admiration
L’album Le temps des vivants n’était pas seulement l’occasion pour l’artiste québécois de se redécouvrir, mais aussi de rendre hommage à ceux qui l’entourent et lui inspirent ses chansons. Tout comme dans l’album précédent de Vallières, une pièce se veut un clin d’œil aux racines ouvrières de sa famille.
« À hauteur d’hommes, c’est le milieu, le cœur du disque. Quand je suis allé chez Philippe B. et que je l’ai fini, il m’a dit : « Ouin, celle-là, j’ai rien à dire. » Je l’aime beaucoup parce qu’elle reprend l’une des thématiques d’Asbestos. Ça parle de mes grand-parents, qui ont fait la grève à la mine. J’ai de l’admiration pour eux, ils inspirent ce que je fais aujourd’hui », partage-t-il.
C’est ce sentiment de fierté qui lui a d’ailleurs inspiré le nom de l’album, tiré d’un poème de Gilbert Langevin. « Ces mots-là ont une résonnance particulière en 2017. Malgré tout ce qui se passe sur la planète, notre résilience collective m’émeut, notre capacité à continuer à avancer, à s’amuser et à sourire. »