La Cartomancie du territoire est une pièce multidisciplinaire bouleversante présentée par Hôtel-Motel du 28 janvier au 8 février au Théâtre Périscope.
Par Jessica Dufour, journaliste collaboratrice
Forces alliées
Cette « création théâtrale et vidéographique » est d’une beauté éloquente tant sur le plan visuel que sonore. Elle met en vedette Kathia Rock et Marco Collin, tous deux autochtones, auxquels se joint l’auteur et metteur en scène de la pièce : Philippe Ducros. Tour à tour, ils prennent la parole pour exposer des faits, dénoncer des abus et rendre hommage au territoire.
La prestation des comédiens est accompagnée de musique et d’extraits vidéo projetés sur écran géant. Des images simples et magnifiques d’arbres et de neige filmées sur les routes du Québec s’harmonisent aux voix dans une ambiance évocatrice installée par la musique de Florent Vollant. Kathia Rock chante, à quelques reprises, d’une voix prenante qui, en variant d’intensité, se projette ou devient plus intime, émotive.
Visiblement très documenté, le texte est à la fois dense et lyrique. Les nombreux monologues s’unissent pour atteindre le public en plein cœur et l’inspirer à changer, à s’ouvrir aux sagesses anciennes des Premières Nations. Le ton aurait pu devenir moralisateur, mais il démontre plutôt que d’accuser. S’alternent le français, l’anglais et les langues autochtones afin d’ouvrir les barrières linguistiques et culturelles.
Territoire à la dérive
Dans un contexte d’urgence climatique, La Cartomancie du territoire exprime un message fort : la nécessité de respecter la nature en mettant un terme à sa surexploitation. Elle use de l’art comme moyen de résistance, de réaction face à l’absurdité du système capitaliste qui ravage les terres et met en péril la survie des espèces. Elle vise à vaincre l’immobilisme par la puissance de l’évocation, par la beauté. C’est un spectacle bouleversant doté d’une vision écologique et qui appelle à la réconciliation.
Crédits photos : Maxime Côté