La montée des eaux est un parcours de théâtre déambulatoire présenté par les Tyroliennes Saint-Jambiennes. Il met en scène l’île utopique de Saint-Jambe, une fois que la basse-ville aura été ensevelie sous l’eau. Les spectateurs, accueillis comme des journalistes internationaux, se voient offrir une visite guidée de l’île où ils rencontrent une foule de personnages. Ce sont les habitants de Saint-Jambe, jeunes et moins jeunes, qui se remémorent ou se demandent ce qu’était Québec avant la montée des eaux.
Par Jessica Dufour, journaliste multimédias
Le soleil s’est couché il y a deux heures. Des guirlandes de lumière disposées un partout dans la ruelle servent de repère et d’ambiance. Un joueur de banjo s’exécute dans la pénombre, assis sur une chaise près d’une voiture antique blanche. Un chien se prélasse dans la gravelle en travers de la ruelle. Puis, une autre musique s’élève, prend la relève. C’est l’ensemble Klezmer de Sainte-Nigoune qui s’approche, guitare, accordéon, clarinette et violon à la main. C’est sa musique que les spectateurs suivront dans les rues tout au long du parcours, dans une atmosphère digne du Fabuleux destin d’Amélie Poulin.
La guide touristique les accompagne, s’arrêtant pour interagir avec des personnages aux allures circassiennes : une postière sur échasses, un peintre chanteur, des pêcheurs à tête de zèbre et une créature faite d’algues tricotées. Un canot traverse la rue, porté par deux personnes dont on ne distingue que les jambes. Avec l’imaginaire, les rues de la Haute-ville se transforment. Les spectateurs se laissent porter de plus en plus facilement par cet univers, réagissent souvent par des rires à l’étrangeté, voire à l’absurdité de la scène. Le parcours se termine sous l’eau, en Basse-ville, au chant des baleines pour un concert instrumental dans la cour arrière d’un logement.
Le spectacle incite à la rêverie, mais demeure ancré dans des problématiques bien réelles. Il est dirigé par les Tyroliennes Saint-Jambiennes et basé sur Saint-Jambe, un roman utopique d’Alice Guéricolas-Gagné publié chez VLB éditeur. Il met en scène Alice Guéricolas-Gagné, Clara Barbieux, Yohan Bonnette, Michel Côté, Jordan Jack, Josette Lépine, Hélène Matte, Kaël Mercader, Aglaë de la Taïga et plusieurs figurants. À l’aide d’un rétroprojecteur, Mélina Kerhoas installe une ambiance visuelle lumineuse et animée, contribuant ainsi à faire exister Saint-Jambe.
Des illustrations de Sébastien Brunel ont également été disposées sur des fenêtres un peu partout dans le quartier, notamment chez Septentrion. Cette exposition urbaine se poursuivra jusqu’au 13 octobre.
Crédits photos : Jessica Dufour