Trois BD à lire dans le temps des fêtes

Souvent considérée comme l’enfant faible de la littérature, la bande dessinée est en train de prendre de plus en plus de place dans le paysage culturel moderne. Voici une sélection de trois bandes dessinées arrivants justes à point pour le temps des fêtes pour vous faire décrocher du quotidien.

La femme aux cartes postales, Claude Paiement et Jean-Paul Eid, La pastèque, avril 2016

Probablement l’œuvre phare de la dernière année en matière de bande dessinée québécoise, La femme aux cartes postales propose un voyage dans le temps. On y suivra alors Rose, une jeune femme de région, laissant tout derrière elle pour aller tenter sa chance dans le monde du cabaret et du jazz à la fin des années 50. Appuyé par des graphiques détaillés et de grande qualité, le récit nous offre alors un véritable cours d’histoire montréalaise. On y voit alors la métropole québécoise évoluer et se transformer au même rythme qu’avance l’histoire de Rose. Supportée par les sonorités jazz de l’époque, la trame narrative est bien montée et nous offre une histoire enthousiasmante. Cette bande dessinée à la sonorité forte, gagnante du grand prix de la critique de la BD québécoise, est un essentiel du temps des fêtes.

S’enfuir, Guy Delisle, Dargaud, octobre 2016

Guy Delisle revient en force avec sa bande dessinée S’enfuir. Si le franco-québécois nous avait habitués à un ton plutôt humoristique et léger dans ses ouvrages précédents, notamment dans Chroniques birmanes et Chronique de Jérusalem, le récit qu’il nous propose cette année est beaucoup plus sombre et sérieux. S’enfuir nous raconte le poignant récit d’un médecin pour une ONG humanitaire pris en otage lors d’une mission en Europe de l’Est. Le lecteur suivra dès lors la détention du protagoniste, partagera son angoisse et ses incertitudes. Bien qu’il ait pu devenir problématique, le style minimaliste de Delisle sert bien le récit, tout comme l’épuration des cases de texte. Grâce à cette histoire touchante, la fluidité du récit et la simplicité typique à l’auteur, le récit tient le lecteur en haleine de la première à la dernière case. Une œuvre à lire et à offrir.

Police lunaire, Tom Gauld (traduit de l’anglais par Catherine Larouche), Alto, septembre 2016.

Par Marianne Ducharme

Tom Gauld, bédéiste britannique, nous avait charmé-e-s avec Vous êtes tous jaloux de mon jetpack, une suite de strips humoristiques philosophico-littéraires, publiée chez Alto en 2014. En 2016, il nous propose Police lunaire un récit mordant et éclairé, qui aborde l’espace avec douceur et humour.

L’histoire est simple : un policier est chargé de lutter contre les crimes… Sur la Lune. On comprend assez rapidement l’ironie derrière le principe ; dépeuplée, la société lunaire ne présente pas grand délits à résoudre. Gauld utilise ainsi ce microcosme pour exposer différents paradoxes de nos modes de vie. La solitude de l’homme et de la femme ultramodernes trouvent leur place dans les planches marquées par une esthétique de la vacuité qui fonde la spécificité de l’œuvre. On tourne ainsi les pages avec délice.

Alto a (encore) réussi son coup : Police lunaire s’adresse aux plus jeunes comme aux plus vieux.  Cette BD, d’apparence simple, cache derrière son habile ironie une juste et belle réflexion sur notre rapport au monde et aux autres.

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