Le trou, c’est St-Maréchal, un minuscule village destiné à disparaître. C’est aussi un vide creusé par le deuil au sein d’une famille maintenant déchirée. Avec ce premier texte dramatique, Guy Langlois témoigne d’une fine compréhension de la psychologie humaine.
Stéphanie Vincent
Présentée au Théâtre de poche par la troupe des Treize, dans une mise en scène de Marjolaine Guilbert, la pièce se construit autour d’Ovide, un vieil homme qui a perdu sa femme et sur le point de perdre sa maison. Dans son univers gravitent une belle-sœur envahissante, un couple de voisins et une fille « en mille morceaux ». De cette histoire de deuil surgissent la folie, le malaise et la peur.
Une mise en scène simple et un espace intime laissent éclater toute la violence de la détresse enfouie. Les personnages ont un côté stéréotypé, mais restent bien vivants. Ovide parle peu, répète les mêmes gestes, ne semble pas touché par le temps. Ce sont les êtres qui l’entourent qui font alors avancer l’action. L’interprétation qu’en font les comédiens permet de saisir toute la complexité de leur intériorité. Les personnages secondaires sont toutefois moins convaincants et les maquillages tombent dans l’excessivité.
On est face à un texte qui en dit parfois plus que nécessaire. Il y a bien sûr le babillage incessant de Madeleine, la belle-sœur, mais cela va à merveille avec le personnage. Pour le reste, on n’aurait peut-être pas besoin d’autant de mots pour saisir toute l’intensité du drame qui se joue devant nous, de ce gouffre qui aspire cette famille. Même si l’on se demande parfois où s’en va cette histoire et même si le rythme s’essouffle par moments, la finale puissante rachète tout cela. Et les émotions vécues sont vraies et puissantes.
Crédit photo : Pascal Huot