Encore une fois cette année, le festival le Phoque Off nous revenait avec une programmation aussi chargée qu’éclatée. Retour sur ce marathon musical hivernal.
Par Frédérik Dompierre-Beaulieu (elle), cheffe de pupitre aux arts et Noémie Fontaine, directrice aux arts à CHYZ 94.3
*VIDEO RECAP*
Découvertes du Phoque Off – Makenzie et Radiant Baby
Makenzie, c’est le plus récent projet musical de l’autrice-compositrice-interprète montréalaise Danyka Boileau-Bonaduce, que l’on a aussi connue avec le projet folk pop Rose Bouche. Cette fois, Makenzie revient plutôt avec un folk qui prend davantage des airs de indie et pop baroque. En album tout comme en entrevue et en performance, on sent une forme de vulnérabilité qui fait du bien, qui est sincère et non pas surjouée. Les sujets abordés dans son album Mousses Mémoires ne sont pas nécessairement des plus joyeux, mais de Makenzie, de son instrumental et des références à la nature dans les paroles, se dégage tout de même une forme de lumière ; on touche à quelque chose de presque sublime. Il y a là un projet qui, parmi la folle programmation du festival, s’est à mes yeux démarqué ; parce qu’un peu vintage, mais tout de même moderne, sororal, mais aussi et surtout de par l’utilisation de l’auto-harpe, que l’on a pas l’habitude d’entendre souvent et qui contribue à la richesse musicale du projet. Un album parfait pour accompagner l’imminent printemps (et, on l’espère, à booker en festivals ou même en salles pour les mois qui s’en viennent !).
Parallèlement, j’ai enfin eu l’occasion de découvrir Radiant Baby (que je connaissais déjà vaguement, mais sans plus), et qui a assurément su faire lever le party lors de sa prestation au District Saint-Joseph. Les boules disco étaient de circonstances ; jamais mes photos et vidéos n’auront été aussi colorées et saturées. Si certain.es personnes dans la salle ont mentionné un drum un peu trop fort par rapport au reste de l’ensemble, perdant apparemment quelque peu la voix, c’est personnellement un élément que j’ai apprécié, et même trouvé approprié. La performance était déjà dynamique, mais la ferveur et l’énergie des trois membres apportaient ce quelque chose de plus qu’il est seulement possible que d’expérimenter en spectacle. Un projet qu’il me fera plaisir de revoir sur scène.
Coup de cœur instantané – Annie-Claude Deschênes
Lors de son passage à CHYZ dans le cadre du Phoque Off, Annie-Claude Deschênes, que l’on connait aussi de PyPy et de Duchess Says, nous confiait qu’elle se sentait quelque peu incertaine par rapport à la version disons écourtée de son set habituel qu’imposait la formule du festival. Effectivement, avec Les manières de table, l’artiste offre au public une performance positivement déroutante et à 110% assumée durant laquelle non seulement elle interagit directement avec le public – mention spéciale à la crème fouettée, au service de table, à ses mésaventures hors scène ou à la captation en direct – , mais où se déploie également tout un narratif. C’est plus qu’une performance musicale, et malgré que l’on ait eu droit à un aperçu condensé, on peut dire avec beaucoup de confiance et sans hésitation que le pari fut réussi ! Le public était réceptif à sa proposition, et tout prenait son sens, sans que l’on sente justement que ce soit « rushé » ou en mode accéléré par rapport à une performance originale que l’on devine plus ample. On l’attendait avec impatience et on a (littéralement) été servi.es ; je ne suis jamais déçue de la voir sur scène, son énergie est à tout coup contagieuse. On en veut toujours plus !
Ça rentre au poste – Zouz
Nous offrant exceptionnellement un set complet et ma foi abrasif, Zouz a immédiatement mis les feux aux planches lors de son passage du 17 février au Grizzly Fuzz. Groupe que les équipes d’Impact Campus et de CHYZ avaient eu l’occasion de voir jouer au Festival de la chanson de Tadoussac en 2023, c’est finalement grâce au Phoque Off que j’aurai eu la chance de pleinement apprécier son génie musical, sachant maintenant officiellement à qui j’avais affaire. Sans grande surprise, les fans étaient au rendez-vous, et l’excitation et l’anticipation étaient d’autant plus grandes avec la sortie de leur dernier album, Jours de cendre, en octobre dernier, album qui ne sera pas passé inaperçu. On a beau lire les articles, entrevues et critiques, c’est en show que ça se passe, et on vous assure que vous n’avez pas fini d’en entendre parler.
Redécouverte – Sûrette
Il y a un peu moins d’un an, Impact Campus avait eu la chance de réaliser une entrevue avec Vincent Leboeuf Gadreau, alias Sûrette, à l’occasion de la sortie de son EP L’homme d’affaires, dont le vidéoclip de la chanson du même nom avait alors fait fureur. À ce moment-là, le projet cherchait à investir du côté de la pop, bien que le musicien nous ait fait part des influences du rock progressif et du métal qui teintaient son rapport à la musique, autant sur le plan de la création qu’à l’écoute. C’est donc à travers une proposition justement plus lourde et prog que nous l’avons redécouvert cette année, tangente naturelle qui lui va d’ailleurs à merveille. On vous encourage à tendre l’oreille et à garder l’œil ouvert : ça promet pour la suite.
Succès assuré – Gab Paquet
Au fil des années et des immanquables calendriers, la fièvre Gab Paquet ne cesse pourtant de gagner en virulence et en intensité. Ses preuves ne sont depuis longtemps plus à faire, et on l’aime d’amour, à part de ça. Et quoi de mieux qu’un show de Gab Paquet pour se chanter la romance à tue-tête pour la Saint-Valentin ? Ça frenchait à pleine gueule dans la foule, les gens dansaient, connaissaient (fièrement) toutes les chansons par cœur, y’avait de la moustache au pied carré, des spectateur.rices avaient même apporté un chapeau de cowboy rose et un drapeau du Québec sur lequel était inscrit « Poutine Dream »… Nul besoin d’en dire plus.
Formule revue, augmentée et totalement flyée – La soirée dragking avec George-Édouard Baron des bois du matin, Mister Boogie et Cismon Genderfck
Depuis ses débuts, le Phoque Off se donne pour mission de mettre de l’avant la musique émergente et alternative. Après maintenant 11 ans, le festival fait également une place aux arts alt de manière plus large, et c’est dans cet esprit que nous avons eu droit à la première soirée dragking ! Alors que George-Édouard Baron des bois du matin nous offrait des performances plus « romantiques » mêlant lipsync et projections cocasses, Mister Boogie évoquait quelque chose d’un peu plus mystérieux et enivrant. Cismon Genderfck, que vous avez peut-être déjà eu la chance de voir performer à Québec, nous aura entre autres marqué.es par son numéro de style Cruella, avec sa fourrure et son pauvre petit chiot. Nous avons même eu droit à un dernier numéro bonus rassemblant les trois artistes sur scène ! Un peu plus chaotique, mais pas pour autant moins délicieux, et surtout rafraichissant. Ne reste plus qu’à souhaiter que cette soirée devienne à son tour un incontournable pour les amateur.rices tout comme les habitué.es du Phoque off. On a jamais assez de soirées « où les genres sont déconstruits, remixés et transcendés ». Pour reprendre les mots du Phoque off : « Pas de cases, pas de limites ; juste de l’art, de l’audace et une explosion d’expressions. » On aime !
Vitrine coup de cœur de CHYZ – Mulch, War Dove, Erika Hagen, Huriel et Valence
Pour connaître et en entendre davantage sur les coups de cœur de l’équipe de CHYZ, c’est par ici !
L’émission spéciale Phoque Off
Le 18 janvier dernier, nous avons eu l’occasion d’enregistrer une émission spéciale du Phoque Off en direct de la Brasserie artisanale La Korrigane, durant laquelle nous avons réalisé un lot d’entrevues toutes plus intéressantes et captivantes les unes que les autres. Au menu :
- Un moment avec Patrick Labbé (direction générale et artistique) et Yanick Capuano (programmation et production) ;
- Une entrevue avec Normand Pothier du quatuor pop punk Peanut Butter Sunday ;
- Une rencontre avec Annie-Claude Deschênes, qui faisait d’ailleurs doublement partie de la programmation du festival cette année (projet solo, Pypy) ;
- Une discussion avec Makenzie à propos de son récent album Mousse Mémoire, la résilience et quelques histoires de fantômes ;
- Une entrevue avec la multi instrumentaliste BLAMM ;
- Un dernier moment avec LP du groupe Hipshot.
Bonne écoute !