Photo : Élia Barbotin

Lumière sur l’art : une expérience visuelle et sonore sur l’avenue Cartier

L’avenue Cartier s’est faite resplendissante mercredi soir dernier alors qu’avait lieu le dévoilement de la troisième édition du parcours Lumière sur l’art, consacré à l’artiste multidisciplinaire montréalais Pierre Ayot.

En s’appuyant sur quelques nouveautés, dont le jumelage de cinq des 34 luminaires présentés aux visiteurs avec des pièces choisies et interprétées par l’Orchestre symphonique de Québec et la consultation des commerçants de l’artère dans la sélection des œuvres, l’exposition en plein-air devrait plaire à son lot de curieux encore cette année.

« On a ici, à Québec, probablement la plus longue exposition d’art contemporain que l’on a jamais vue », indique Line Ouellet, conservatrice en chef du Musée national des beaux-arts du Québec (MNBAQ), qui note le caractère inusité de cette proposition extérieure s’étalant sur près d’un kilomètre. Les abat-jour urbains reproduisant des œuvres de Pierre Ayot succèdent à ceux mettant en lumière le travail d’Alfred Pellan et de Fernand Leduc en 2015-2016, puis de Rita Letendre et de Jacques Hurtubise en 2016-2017.  

Davantage que l’embellissement d’un quartier central de plus en plus visité par les touristes, l’initiative constitue une véritable démocratisation de l’art, une rencontre hors des murs du MNBAQ entre les œuvres et la population. Les commerçants de l’avenue Cartier ont d’ailleurs été sollicités à l’étape de la sélection afin d’harmoniser la proposition artistique avec le milieu de vie. 

Le parcours a déjà beaucoup gagné en importance depuis sa création, selon la présidente de la SDC Montcalm, Ariana Morales. « Le parcours est devenu avec les années un élément incontournable de la signature du Quartier des arts, souligne-t-elle lors de sa brève élocution. C’est une attraction majeure qui attire autant la population locale que les touristes de plus en plus nombreux à circuler dans ce quartier de Québec. » 

Une œuvre riche et variée 

À la suite de l’expérience des deux premières éditions qui ont vu la formation de duos d’artistes au langage similaire, on a plutôt axé cette année la présentation sur un seul, associé pour une portion de sa production au mouvement pop art. Inspiré de l’exposition De Ferron à BGL. Art contemporain du Québec, le parcours propose d’admirer de multiples facettes de l’artiste décédé en 1995: la série de sérigraphies, lithographies, gravures et collages produits sur une trentaine d’années remettent en question l’objet, sa représentation, sa place dans nos vies. 

La conservatrice, Mme. Ouellet, met en contexte le travail en art visuel de Pierre Ayot en se référant à l’icône américaine Andy Warhol. « Ce sont des artistes qui ont utilisé la culture populaire pour l’intégrer dans leur langage plastique avec une modalité critique un peu dérisoire sur notre société de consommation », développe-t-elle.

« Du pop art, on était rendu là! » 

Le maire nouvellement réélu de Québec, Régis Labeaume, fût le dernier à prendre le micro afin de souligner sa volonté de démarquer la ville, de la rendre audacieuse et distinctive, particulièrement grâce aux œuvres de l’artiste sélectionné cette année. « On est en novembre, alors certains, dont moi, ont des problèmes avec la grisaille, avec le manque de lumière, affirme-t-il en début de discours. Plus maintenant. On a une solution si on a un problème avec le manque de lumière, il faut venir sur l’avenue Cartier! » 

Tout en remarquant qu’une fois les luminaires éclairés, tout le monde a bien compris leur intérêt, tant ici que dans des magazines à l’international, M. Labeaume mentionne la réticence de certaines personnes au départ.

« Le projet a démarré il y a deux ou trois ans. Vous savez comment on est à Québec: les gens ont dit que ça coûtait cher, ironisait-il. Et bien oui, c’est parce qu’on va s’en servir pendant plusieurs années, mais ils ne veulent rien entendre. On a la preuve aujourd’hui que ça valait la peine d’investir. On demande toujours aux gens, mais aussi aux commerçants, d’innover, d’oser, de tenter d’être distinctifs. Parfois, il faut payer pour ça, et je ne me lève pas tous les matins en me demandant ce que je pourrais bien faire qui coûte cher aujourd’hui? »  

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