Vendredi soir dernier avait lieu, au LANTISS, L’Accélérateur de particules dans le cadre de la septième édition du Festival du Jamais lu. Une soirée festive et conviviale sous le thème de « Je suis parce que nous sommes ». Plus d’une douzaine de comédien(ne)s sont monté(e)s sur scène pour lire cinq extraits de pièces en évolution écrites par des auteurs de Québec.
Après avoir gravi le zigzag orange du pavillon Louis-Jacques-Casault, le LANTISS nous accueille dans un décor de cabaret, où plusieurs centaines de livres sont suspendus au plafond tel des mobiles. Dans un coin nous pouvons bouquiner grâce à la présence d’un kiosque de la librairie du Quartier, un des nombreux commanditaires de l’événement. Les oeuvres des années antérieures sont à l’honneur, pour le bonheur de tous.
Au fond de la salle, le minuscule bar permet d’agrémenter les conversations avant le départ de cette soirée de création. Spectateurs, auteurs, metteurs en scène, comédiens et artisans circulent et discutent sous les livres suspendus sans se soucier du temps qui file. Marianne Marceau, la directrice artistique, nous ramène à l’ordre gentiment pour nous expliquer le déroulement de la soirée et nous présenter le premier extrait, La paix, surtout de Lily Pinsonneault mise en lecture par Vincent Nolin-Bouchard et interprétée par Nathalie Séguin et Dayne Simard. Un texte touchant et efficace sur une jeune fille angoissée par ses épisodes de folie, dus à un trouble bipolaire non diagnostiqué. La petite Lilas nous livre son témoignage sur la fin de son enfance et le début de son adolescence où elle réussit à s’échapper à l’aide des « bienfaits » de la cigarette et de la marijuana sur son humeur.
Au retour d’une petite pause, on nous présente Franconia (une comédie américaine) signée par Claude Montminy et mise en lecture par Kevin McCoy, sur scène Jean-Michel Déry, Christian Michaud, Ghislaine Vincent, Jeanne Gionet-Lavigne et Blanche Gionet-Lavigne. Dans la petite ville du New Hampshire débarque le biologiste rimouskois Saïd Namazi pour documenter la disparition des chauves-souris du coin. Bien malgré lui, il est entraîné dans la tourmente de la famille Mercer, les propriétaires de l’hôtel où il loge. Les répliques punchées et fluides de ces cinq personnages colorés nous font bien rire.
Une ambiance festive
Ensuite c’est au tour d’Ariel Charest de nous faire rire (jaune) avec son texte Dalida Tremblay, sur scène avec Ariel, Olivier Arteau et Pascale Renaud-Hébert. Qu’ont en commun la chanteuse Dalida et le tueur en série américain Jeffrey Dahmer? Dans cet extrait éclectique, trois personnages éclatés tentent de répondre à cette question en réfléchissant sur le bonheur et sur l’autodestruction.
L’avant-dernier extrait est un monologue interprété par Eliot Laprise, sur un homme politisé qui a soif de changement, mais à trente ans il a un accident qui le paralyse en partie et le rend aphasique. Sincère et conscient de son état, il nous raconte son histoire un mot à la fois, et comment il a appris à voir la vie positivement avec la sensibilité que lui apporte l’art. Sublime et noué est brillamment écrit et mis en lecture par Anne-Marie Olivier.
Jean-Michel Girouard clôture cette soirée avec son texte Le manoir Coors Light ou la fin des illusions. L’extrait est monté par Pascale Renaud-Hébert tandis que Nicolas Drolet et Jean-Michel Girouard incarnent ces deux amis assoiffés par la vie. Antoine et Jeff calent des Coors Light espérant trouver la clé du manoir pour vivre un party inoubliable. Pourtant, plus ils discutent, plus leur vision de la vie et du bonheur divergent… Est-ce que Jeff cherche son bonheur à la bonne place? Sur un ton humoristique, l’extrait de Girouard nous amène à réfléchir sérieusement sur notre quête du plaisir.
La soirée se termine, trop rapidement, dans la même ambiance festive dans laquelle elle a débuté. On espère tous que ces cinq prémisses intéressantes créées par ces auteur(e)s passionné(e)s verront le jour sur les planches d’un théâtre à Québec dans un avenir proche. Elles méritent toutes d’être entendus par le plus grand nombre de spectateurs.