© Yves Bérubé

Virée au cœur de l’épave de l’Empress of Ireland

Vous ne savez pas quoi faire en ce dernier week-end de juillet (oui déjà, l’été passe beaucoup trop vite) ? Pourquoi ne pas vous dirigez vers Rimouski pour profiter du fleuve, de ses bélugas et en apprendre plus sur l’épave de l’Empress ?

Par Camille Sainson, journaliste multiplateforme

Loin de moi l’idée de vouloir concurrencer la page Wikipédia déjà très bien détaillée sur le sujet (je mets le lien juste ici pour les curieux.euses), mais disons qu’en cette année 2024, alors que nous commémorons les 110 ans du naufrage, il m’a semblé intéressant de tourner votre regard vers ce paquebot qui n’a malheureusement rien à envier à l’histoire du Titanic.

Navire transatlantique qui n’en est pas à son voyage inaugural, mais bien à sa 192e traversée, l’Empress of Ireland quitte le port de Québec le 29 mai 1914 pour rejoindre Liverpool en Angleterre. C’est au niveau de Pointe-au-Père, soit un peu moins de 10 heures après son départ, qu’il est percuté, non pas par un iceberg, mais par le Storstad, un charbonnier norvégien.

©Andrew Barr / Mike Faille, National Post

Fait incroyable : l’Empress sombre en à peine quatorze minutes. Pourquoi si vite ? Parce que les portes des 10 cloisons étanches n’étaient pas automatisées, contrairement au Titanic. Il fallait qu’un membre de l’équipage prenne un escalier, se rende sur le pont supérieur et tourne une manivelle pour fermer la porte correspondante. Autant dire que lors d’un naufrage et de la panique générale, ce n’est pas le processus le plus rapide.

Malgré la présence du Storstad, rien n’y fait, ce sont plus de 68% des passager.ères qui périssent dans le naufrage. Soit 1% de plus que le Titanic. 1 012 victimes entraînées dans les eaux glaciales du Saint-Laurent. Sur les 138 enfants présents à bord, 4 ont survécu. Le bilan est lourd et fait les gros titres des journaux, mais pas pour longtemps, le déclenchement de la Première Guerre mondiale est un deuxième naufrage : l’Empress et ses victimes tombent dans l’oubli.

Il faut attendre 1964 pour qu’une équipe de plongeurs redécouvre l’épave et commence à en rapporter des objets. Classée bien historique et archéologique depuis 1999 – premier bien subaquatique à recevoir ce statut –, l’Empress peut toujours être exploré par des plongeur.euses expérimenté.es, mais plus rien ne peut y être pillé. Aujourd’hui, pour en découvrir les secrets sans avoir à se mouiller, on peut visiter le musée installé sur le site historique maritime de Pointe-au-Père à Rimouski.

Concernant ce dernier, on regrette son parcours un peu désordonné et non chronologique qui peut facilement perdre un.e visiteur.euse n’ayant jamais entendu parler du naufrage. Idéalement, il faudrait débuter par le film de présentation qui est très ludique, mais qui, lui aussi, consacre à peine 10% de son exposé à l’évènement du naufrage en tant que tel. En bref, on ressort du musée avec un léger goût de trop peu, on aurait aimé en savoir plus ! Il reste toutefois une belle étape historique avec une vue incroyable sur le fleuve, étape idéale pour se perdre le temps de quelques heures sur les traces de ces fantômes aux noms désormais inscrits dans notre mémoire.

Sait-on jamais, peut-être qu’après Avatar, James Cameron se penchera sur l’histoire de l’Empress of Ireland pour en faire une adaptation de la même envergure que celle du Titanic

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