© Hendrick de Clerck (vers 1560-1630), Denijs van Alsloot (vers 1570 - vers 1627), Les quatre éléments dans le jardin d’Eden, 1613. © La Fondation Phoebus, Anvers (Belgique)

Vol direct entre le Japon et les Pays-Bas !

Deuxième arrêt dans notre week-end culturel à Montréal au Musée des beaux-arts qui possède un échantillon des plus belles œuvres au monde. Vous pouvez ainsi vous balader entre des toiles de Monet, Renoir, Picasso, Basquiat, Miró et tant d’autres ! Profitez-en si vous avez moins de 26 ans, l’entrée est gratuite, c’est le moment d’être curieux.euse.

Par Camille Sainson, journaliste multiplateforme

Le Musée des beaux-arts de Montréal (MBAM) s’étend sur pas moins de cinq bâtiments, autant vous dire qu’il faut prévoir d’y passer un peu de temps si vous comptez tous les explorer. Les collections permanentes valent le détour et proposent une rétrospective qui s’étend du Moyen-Âge à l’art contemporain en passant par les styles baroque, rococo, Belle Époque et impressionniste. Si vous les connaissez déjà, vous serez ravi.es d’apprendre qu’il y a actuellement deux expositions temporaires, l’une sur les paysages rêvés d’Andō Hiroshige qui vous propulsent dans le Japon du XIXe siècle, l’autre sur l’art flamand entre 1400 et 1700.

Escale au Japon pour commencer

C’est à travers une série d’estampes de l’artiste issu de la classe des samouraïs, Andō Hiroshige (1797-1858), que nous effectuons le parcours entre Edo et Kyoto. 500 kilomètres ; 53 relais, 55 estampes. Le Tōkaidō n’est pas un simple chemin, c’est un voyage en soi, une sorte de Chemin de Compostelle à la japonaise avec le mont Fuji pour toile de fond. Neige, pluie et ciel bleu se succèdent, on avance tranquillement vers notre destination au rythme des saisons. La salle est calme, l’éclairage diffus, on sent un apaisement se propager entre les œuvres et les visiteur.euses, nous sommes dans une bulle hors du temps. C’est presque avec un petit pincement au cœur que l’on rouvre la porte pour retourner au XXIe siècle.

© Andō Hiroshige (1797-1858), Kanbara, neige de nuit (蒲原 夜之雪), nº 16 de la série « Cinquante-trois étapes du Tōkaidō », vers 1833-1834, gravure sur bois de fil (nishiki-e), éditeur : Takenouchi Magohachi (Hoeidō). MBAM, don de Mary Fraikin à la mémoire de son père, Maurice van Ysendyck. Photo MBAM, Christine Guest

L’art flamand pour finir

C’est dans le magnifique pavillon Hornstein que se déroule la grande exposition Vice, vertu, désir, folie : trois siècles de chefs-d’œuvre flamands. En partenariat avec la collection de La Fondation Phoebus d’Anvers (Belgique), les visiteurs.euses peuvent voyager à travers le temps et l’espace pour découvrir le sud des Pays-Bas et le mode de vie de ses habitant.es de l’époque. On retrouve de nombreux chefs-d’œuvre d’artistes éminents comme Rubens, Bruegel le Vieux ou encore van Dyck avec leurs vives palettes de couleurs. Contrairement à des mouvements plus modernes, l’art flamand est très statique : portraits, natures mortes et vanités se succèdent dans des décors fins et détaillés. La religion a forcément une place importante, on admire la perspective intérieure d’une église gothique (Hendrick van Steenwijck the Younger – 1614) ou encore l’incendie flamboyant de Sodome et Gomorrhe (Herri met de Bles – 1545).

© Hendrick van Steenwijck le Jeune (1580 – vers 1649), figures attribuées à Jan Bruegel le Vieux (1568-1625), Intérieur d’une église gothique, 1614. MBAM, don de M. et Mme Michal Hornstein. Photo MBAM, Jean-François Brière

On ne peut s’empêcher de remarquer les histoires que racontent toutes ces toiles, portes ouvertes sur une société en pleine mutation où l’humain tente de trouver sa place entre toute une tradition mythologique et religieuse et une aspiration à la modernité. Apparaissent alors les vanités, ces memento mori qui rappellent à l’homme sa propre mortalité. Sous forme de cabinets de curiosités (dont l’agencement fait écho à nos musées modernes), la mise en abîme de l’œuvre Couple élégant dans un cabinet d’art (Peeter Neeffs le Jeune et Gillis van Tillborch) met en évidence la transcendance de l’art. Presque 400 ans plus tard, nous admirons toujours ces paysages et visages anonymes pour notre plus grand plaisir.

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