Courtoisie: Claudy Rivard

Voyage en pays vollebekkien

Une petite neige tombait par intermittence sur Québec vendredi soir dernier, comme pour nous mettre dans l’ambiance du spectacle de Leif Vollebekk.

Cyril Schreiber

Courtoisie: Claudy Rivard
Courtoisie: Claudy Rivard

C’est que la musique de l’Ontarien d’origine norvégienne est profondément rattachée à une température automnale, voire hivernale, quelque chose de gris dans l’air qui sublime la musique. Malgré le printemps qui était officiellement présent, le public de Québec n’a pas boudé la chance d’entendre la délicate et si originale musique de Leif Vollebekk, remplissant un Cercle en formule assise — ô joie.

Leif Vollebekk venait défendre pour la première fois à Québec son deuxième album North Americana. On sait que le chanteur interprète rarement ses chansons de la même manière sur scène qu’en studio. C’est à un véritable voyage que Vollebekk nous a conviés, plongeant dans son répertoire entre ballades et titres plus rythmés, où chaque mot et chaque note avait son importance.

Les introductions improvisées servaient de prélude à des pièces parfois complètement métamorphosées, que ce soit par des tonalités différentes, des arrangements musicaux ou même des textes aux couplets tronqués, ce qui en faisait presque des chansons inédites. Le tout devant un public silencieux et attentif, tour à tour médusé devant les envolées musicales et amusé devant un Vollebekk cabotin, modeste, naturel, charmant… et confus de voir autant de personnes venues l’écouter.

Leif Vollebekk était loin d’être seul sur scène, malgré les quelques morceaux où il était seul à la guitare ou derrière le piano ( dos au public, malheureusement ) : batterie, contrebasse, claviers et le délicat saxophone d’Adam Kinner, avec juste ce qu’il faut de retenue et de perfection, le complétaient. Une setlist avait été choisie, mais fut bien vite remplacée par l’instinct du moment. Au final, une douzaine de chansons du premier album ( Quebec, de circonstance, In the morning et Don’t go to Klaksvik, en rappel ) et du plus récent ( notamment les magistrales From the fourth et When the subway comes above the ground ).

En entrevue après son spectacle d’une heure vingt, qui a filé à la vitesse de l’éclair, Leif Vollebekk s’est dit content de ce dernier, le premier vrai show complet de la tournée. À propos de cet espace de jeu qu’est la scène, il a mentionné qu’avec ses musiciens, avec qui il « parle sans [ leur ] parler », il décide « où on rentre et quand on sort, mais si je veux faire une partie d’une chanson plus longue, je n’ai pas besoin d’expliquer, je la fais et ils le savent ». La veille à Toronto, Vollebekk et sa bande étaient, à son avis, un peu fatigués par les neuf heures de route. « Mais j’espère que ça ne paraissait pas ! » a-t-il ajouté. Bien au contraire, a-t-on envie de le rassurer : ce fut une soirée fluide et unique.

Jennifer Castle

Jennifer Castle a ouvert la soirée en chantant les chansons de son premier album Castlemusic durant une petite demi-heure. Tout chez l’ancienne membre des Constantines — son folk-country souvent entraînant, sa voix aiguë, la stridulation de sa guitare électrique, sa manière de se déplacer de gauche à droite — est charmant. Une belle découverte à laquelle il faudra tendre l’oreille plus attentivement. On aurait cependant voulu mieux voir la chanteuse torontoise, qui a joué sous un éclairage tamisé et insuffisant.

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